Bourita fait subir au Maroc une série d’humiliations diplomatiques inégalées
Par Kamel M. – De déconfiture en humiliation, la diplomatie marocaine s’enfonce dans la gadoue, pendant que les conseillers de Mohammed VI insistent auprès de lui pour garder son ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le «pire» depuis le décès du roi Hassan II, s’inquiètent des observateurs marocains. Dernier camouflet en date, l’expulsion du représentant du Makhzen d’une réunion de l’Union africaine, organisée ce jeudi en Afrique du Sud, pour les Etats parties du Traité de Pelindaba relatif à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique.
Youssef Lamrani, ambassadeur du Maroc qui vient d’être nommé à Bruxelles, a été expulsé de la réunion où il a voulu imposer sa présence alors que son pays n’est pas partie au Traité en question, a appris Algeriepatriotique de sources proches du dossier, qui n’ont pas manqué de pointer les «méthodes marocaines connues qui consistent en la falsification, la corruption et l’activisme véreux». «Le diplomate marocain ainsi rabaissé d’une façon avilissante l’a bien payé avant de s’envoler pour Bruxelles pour essayer d’éteindre le feu», ironisent nos sources.
Sur ces entrefaites, le Congrès américain effaçait d’un revers de la main les rêves marocains de voir les Etats-Unis ouvrir un consulat dans la ville occupée de Dakhla, comme l’avait promis Donald Trump au roi du Maroc auprès duquel il avait dépêché son gendre, Jared Kushner, porteur d’une valise pleine de fausses promesses dont les Marocains découvrent aujourd’hui le contenu vide. Les gesticulations puériles de Nasser Bourita se révèlent au grand jour sans que le monarque et son maître à penser, André Azoulay, voient quelque nécessité à l’éjecter de son poste qui a coûté au Maroc la rupture par l’Algérie de ses relations diplomatiques, l’interdiction du survol de son espace aérien, la méfiance du voisin espagnol depuis l’affaire des 10 000 migrants marocains jetés à la mer par les services secrets de Mohammed VI, qui voulait ainsi se débarrasser de ses sujets et embarrasser l’Espagne à laquelle il pensait naïvement pouvoir faire du chantage.
Récemment encore, ce sont plus de vingt présidents de groupe au sein du Parlement européen qui ont adressé une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, au vice-président et haut représentant, Josep Borrell, et au président du Conseil européen, Charles Michel, pour les inviter à respecter la décision du Tribunal de l’Union européenne (General Court of the European Union, GCEU) d’annuler l’accord commercial entre l’Union européenne et le Maroc, ainsi que les accords de pêche relatifs au Sahara Occidental. «Comme vous le savez, la GCEU a invalidé ces accords parce que l’UE n’avait pas réussi à obtenir le consentement du peuple du Sahara Occidental, comme demandé dans le cadre de l’UE et loi. De manière significative, la Cour a rejeté les consultations des populations concernées menées par la Commission européenne, qui ne pouvait se substituer à cette exigence fondamentale d’obtenir le consentement libre et authentique du peuple sahraoui», rappellent les eurodéputés dans leur missive.
«De plus, ajoutent-ils, à travers ces accords, nous sommes convaincus que l’UE a été complice de l’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara Occidental, et a sapé les efforts de l’ONU pour parvenir à une solution durable au conflit de longue date». Les signataires de la lettre affirment penser qu’«il est désormais impératif pour l’UE et ses Etats membres de se conformer à la décision du Tribunal et de veiller à ce que toutes ses relations avec le Sahara Occidental répondent aux exigences de la Cour». Pour eux, l’UE doit «s’engager avec le Front Polisario en tant que représentant internationalement reconnu du peuple sahraoui» et «inviter les opérateurs financiers et économiques basés dans l’UE, notamment dans les secteurs de la pêche, de l’énergie, les secteurs de l’aviation et de l’extraction, à cesser leurs activités en cours au Sahara Occidental».
Ce n’est pas tout. En Tanzanie, le régime de Rabat a été pris en flagrant délit de faux et usage de faux par la Fondation pour la paix (Tanzania Peace Foundation, TPF) qui a dénoncé, ce jeudi également, l’attribution «à tort» par l’agence de presse officielle marocaine MAP et d’autres médias marocains à cette organisation un communiqué dont elle n’est pas l’auteure. La Fondation accuse le régime marocain de «propagande» à laquelle il faut apporter des «précisions». «Le communiqué est une initiative unilatérale de la délégation marocaine participant au rassemblement susmentionné. La TPF rejette catégoriquement l’esprit et le fond de ce communiqué dont l’objectif principal est de semer la confusion et la division», s’insurge cette institution, qui rappelle que la Tanzanie «a été l’un des premiers pays à reconnaître la République sahraouie avec laquelle elle entretient des relations diplomatiques complètes».
Pour la TPF, «le contenu et le langage utilisés dans le communiqué sont inacceptables». «Le Maroc est libre de croire en sa propre propagande, mais il n’a pas le droit de forcer les autres à faire de même», s’indigne la Fondation, en insistant sur le fait que «la République sahraouie est membre fondateur de l’Union africaine et le Front Polisario est le représentant unique et légitime du peuple sahraoui et aucune autre partie n’est habilitée à parler en son nom».
«Triste bilan d’un piètre ministre des Affaires étrangères nommé Nasser Bourita maintenu par on ne sait qui et pour on ne sait quelle mission», s’interrogent au Maroc, sous cape, des intellectuels et même des personnalités politiques et diplomatiques scandalisés par la situation «regrettable» dans laquelle le roi et son entourage immédiat ont mis le pays, de plus en plus isolé au plan international. A l’intérieur, les Marocains s’apprêtent à vivre un hiver rude, et le gaz commence déjà à manquer à cause d’une ruée sur cette énergie fournie par l’Algérie via le gazoduc Maghreb-Europe dont le contrat, qui arrive à son terme dans quelques jours, ne sera pas renouvelé par l’Algérie. Et les déboires des voisins sont de s’arrêter au chauffage. Dans les villes de l’extrême-est du royaume, les populations commencent à ressentir le poids des pénuries induites par le verrouillage des frontières par l’Algérie et la situation ira en s’aggravant maintenant que même les frontières aériennes ont été fermées.
K. M.
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