Vers une visite du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez en Algérie ?
Par Karim B. – Tous les éléments montrent que Madrid est en train de revenir sur sa décision de soutenir le plan d’autonomie que le Makhzen veut imposer à la communauté internationale dans le dossier sahraoui. Ce changement graduel se traduit par des appels du pied des responsables espagnols qui ne désespèrent pas de pouvoir obtenir d’Alger un accord pour un échange sur la situation induite par le revirement hasardeux de Pedro Sanchez qui a créé une crise au cœur même de son parti et du gouvernement qu’il préside.
Ce mardi, son compatriote Josep Borrell a été on ne peut plus clair quant au caractère immuable de l’appui de l’Espagne et de l’UE aux résolutions de l’ONU, rétropédalant ainsi après s’être aligné, il y a quelques semaines, sur la posture incommode de Pedro Sanchez et José Manuel Albares, son ministre des Affaires étrangères, au firmament de la crise avec Alger. Au début, le gouvernement espagnol et le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité étaient encore imprégnés de l’arrogance qui prévalait au sein de l’OTAN au commencement de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine. Le discours ambiant était empli d’une assurance présomptueuse face à ce qui allait devenir un cauchemar pour les Européens que les dirigeants aussi suffisants qu’imprévoyants tentent de persuader qu’ils doivent accepter le sacrifice pour leur «liberté».
«Le haut représentant de l’UE vient de déclarer à la chaîne de télévision publique espagnole que la position de l’Union européenne est de défendre la tenue d’une consultation [référendum] afin que le peuple sahraoui puisse décider de son avenir», a souligné l’envoyé spécial pour les pays du Maghreb et le Sahara Occidental. «Dans cette réponse cinglante et directe au forcing marocain, a fait observer Amar Belani dans une déclaration à Algeriepatriotique, M. Josep Borrell a pris bon soin de se référer au peuple sahraoui et non pas aux populations, comme aiment à le glisser insidieusement certains bureaucrates de la Commission ouvertement acquis aux thèses marocaines».
En diplomatie, on le sait, les mots valent effectivement leur pesant d’or.
Ce changement radical intervient après de nombreuses mises en garde de personnalités politiques, diplomatiques et universitaires espagnoles qui n’ont pas manqué de fustiger la «grosse bourde» de Pedro Sanchez et au lendemain d’une motion de censure votée par le Parlement qui a isolé et affaibli le président du gouvernement. Il semble augurer d’un dégel des relations entre Madrid et Alger qui s’apprête à accueillir le président français aux propos non moins controversés sur l’Algérie, selon des observateurs avisés. L’option est sur la table côté espagnol, indiquent, en tout cas, des sources madrilènes qui entrevoient une sortie la moins déshonorante possible pour les responsables, réduits à quia, du différend qu’ils ont provoqué par leur virevolte soudaine que l’Algérie, liée à l’Espagne par un pacte d’amitié, a ressentie comme un coup de poignard dans le dos et une trahison irrémissible.
Il est fort à parier qu’Emmanuel Macron est porteur d’un message dans ce sens. Mais pour répondre positivement aux incessants appels du pied de Madrid, Alger, qui refuse toute médiation, exigera forcément un retour au statu quo ante et un respect total du droit international que le roi du Maroc vient, sans vergogne, d’inciter ses «partenaires européens» à braver.
K. B.
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