France : parole raciste libérée et lois sur l’immigration à des fins électoralistes
De Paris, Mrizek Sahraoui – «Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique», a crié à gorge déployée un député du Rassemblement national, parti raciste dirigé par Marine Le Pen, au moment où un autre député LFI, un Français de parents d’origine congolaise et angolaise, a interpellé, ce jeudi en séance parlementaire, le gouvernement sur la crise migratoire.
Cette intervention raciste a soulevé un tollé au sein de l’Assemblée nationale et la séance a immédiatement été suspendue par la présidente eu égard à la gravité des propos. Le député victime de l’insulte raciste a réagi à la sortie de la séance, affirmant : «On m’a renvoyé à ma couleur de peau. Je suis né en France. On voit la vraie face du RN, c’est honteux. Je suis député de la nation et je me fais insulter !»
Les réactions sont unanimes et non moins vigoureuses, toutes appelant à une sanction forte et exemplaire de ce député frontiste qui n’est pas à sa première provocation. Mais il faut noter que dès après avoir tenu ces paroles infâmes, ce député (très courageux) s’est empressé de supprimer tous les tweets racistes qu’il a publiés.
Cette attaque raciste intervient au lendemain de l’annonce d’un nouveau projet de loi sur l’immigration. L’information est venue du ministre de l’Intérieur. Gérard Darmanin s’est, en effet, exprimé dans une interview croisée avec le ministre du Travail, parue, mercredi, dans les colonnes du journal Le Monde.
Le projet de loi s’articule autour de deux mesures phares. Le gouvernement souhaite créer un titre de séjour «métiers en tension» dont bénéficieraient les travailleurs sans-papiers déjà présents sur le territoire français. Cette loi prévoit également dans un souci d’équilibre d’améliorer les conditions d’application des obligations de reconduites à la frontière (OQTF), objet du débat public houleux à la suite du meurtre de la jeune Lola.
Cette énième loi a pour but de désigner un bouc émissaire afin de polariser le débat public autour de la question de l’immigration et, surtout, pour tenter de détourner le regard sur les vraies et multiples préoccupations des citoyens qui n’ont pas, jusqu’à cette heure, trouvé le moindre début de solution.
C’est sous cet angle qu’il faut interpréter ce projet de loi du gouvernement Macron qui sera débattu début 2023. Car un dispositif juridique analogue permettant de régulariser les travailleurs sans-papiers existe déjà depuis plus de dix ans. Ce dispositif porte un nom : Admission exceptionnelle au séjour, dit communément régularisation exceptionnelle par le travail.
En théorie – seulement –, il suffit à une personne étrangère de prouver qu’elle va travailler dans un secteur en tension ou qu’un sans-papiers déjà présent en France a un contrat de travail ou une promesse pour bénéficier d’une régularisation par le travail.
Sauf que toutes ces lois sur l’immigration portées tambour battant par les gouvernements successifs reviennent sur la scène politique et médiatique en période électorale, en épisode de polémique ou à la suite d’un drame. Cela s’appelle la stratégie du bouc émissaire.
M. S.
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