Elle compte en plafonner le prix : l’UE va faire du chantage au gaz à l’Algérie ?
Par Nabil D. – Après la décision de plafonner le prix du pétrole russe, l’Union européenne étudie la possibilité de plafonner celui du gaz. Selon des sources européennes citées par Al Arabiya, la proposition aurait été présentée par la République tchèque qui assure la présidence tournante de l’Union européenne. Selon le document, dont la chaîne saoudienne semble avoir obtenu une copie, le prix serait fixé à 220 euros le MWh.
L’augmentation exponentielle des prix du gaz a créé des dissensions entre l’Europe et les Etats-Unis, la première accusant Washington de tirer profit de la guerre en Ukraine tout en poussant à l’exacerbation du conflit dont les conséquences sur le Vieux Continent sont dramatiques. C’est dans ce contexte que le président français, Emmanuel Macron, s’est rendu chez Joe Biden pour demander un apport américain conséquent en gaz et pétrole pour faire face à la pénurie causée par le positionnement européen aux côtés de Kiev sur instigation des Américains. L’Europe, où les premières vagues de froid polaire commencent déjà à se faire sentir, risque d’avoir d’immenses difficultés si la situation n’évolue pas vite en Ukraine.
Dans ce contexte délicat, l’Algérie, un des principaux fournisseurs de gaz à l’Europe, s’est retrouvée malgré elle prise dans une spirale qui lui a toutefois été bénéfique en ce qu’elle a permis de renflouer ses caisses après une relative longue période de dèche due à une baisse drastique des cours du pétrole sur les marchés mondiaux. Actuellement, les finances algériennes reprennent des couleurs à la faveur d’un marché gazier avantageux. La crise politique qui a surgi entre l’Algérie et l’Espagne suite au revirement du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez dans le dossier sahraoui n’a pas réellement impacté le partenariat commercial dans le domaine énergétique entre les deux capitales, Alger s’étant engagée à maintenir les fournitures en l’état malgré la suspension du Gazoduc Maghreb-Europe de façon unilatérale par l’Algérie suite à la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc.
Dans le même temps, les ministres de l’Energie de pas moins de onze pays européens se sont succédé à Alger pour signer des contrats gaziers avec le «partenaire fiable» qu’est l’Algérie. De son côté, cette dernière a exigé que soit revue la nature des accords avec l’Union européenne de sorte que les échanges ne se cantonnent plus aux rapports fournisseur-client et que les partenaires européens assument leur part dans l’exploration de nouveaux gisements dans le Grand Sud algérien pour pouvoir assurer de meilleures conditions financières et technologiques au pays producteur et garantir une couverture énergétique pérenne aux partenaires. L’Algérie a également jeté son dévolu sur les énergies renouvelables pour le développement desquelles elle compte bien profiter de l’expérience des pays de la rive nord de la Méditerranée pour amorcer le virage écologique devenu impératif avec les changements climatiques en cours.
Comment l’Algérie réagira-t-elle en cas de plafonnement du prix du gaz ? Pour le moment, le projet est au stade de la proposition et aucun commentaire officiel n’a été exprimé du côté algérien.
N. D.
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