Les Français s’interrogent : Emmanuel Macron gouverne-t-il encore la France ?
De Paris, Mrizek Sahraoui – Est-ce qu’Emmanuel Macron gouverne encore la France ? Pas vraiment, disent les observateurs, les partis d’opposition et une majorité de Français. Notamment depuis le mois de janvier, le mensis horribilis qui a vu naître un mouvement de contestation sociale d’ampleur inédite contre un projet de réforme des retraites envers lequel plus de 90% des salariés et 70% du reste de la population se sont montrés très hostiles.
Emmanuel Macron ne gouverne plus. D’aucuns s’accordent même à estimer qu’il est réduit, surtout depuis la promulgation de cette loi, à expédier les affaires courantes. Et ses tentatives de reprendre le statut de maître des horloges à travers des débats en vase clos, avec des invités triés, dit-on, par affinités politiques, se sont avérées toutes vaines, inutiles, voire contreproductives.
Face à une contestation qui ne faiblit pas – des marches historiques sont prévues le 1er mai prochain –, puisqu’aucune loi ne peut désormais être votée au Parlement sans l’aide des voix des députés Les Républicains (LR), soumis à une pression considérable qu’exercent la finance internationale (avec 3 000 milliards de dettes, la France est contrainte de donner un signal fort aux investisseurs) et des institutions européennes qui ont exigé (préconisé est le mot utilisé à Bruxelles pour ne pas exacerber la colère des Français) un gage d’assainissement des finances publiques, sous le poids de toutes ces contraintes, avec ces énormes pressions, Emmanuel Macron est dans l’impasse totale.
Une situation sans issue qui met le quinquennat dans une atmosphère de fin de règne, bien qu’il reste encore (théoriquement, en pratique rien n’est moins sûr) quatre années avant la fermeture de la parenthèse macroniste. D’ailleurs, la sortie médiatique de la Première ministre du 26 avril dernier, lors de laquelle elle a décliné sa feuille de route pour les prochains mois, n’a pas permis de lever les doutes sur l’incapacité de l’Exécutif à gouverner sereinement. Faute de majorité parlementaire en perspective, l’examen du projet de loi sur l’immigration, loi-totem qui devait porter au pinacle le ministre de l’Intérieur, est reporté à l’automne contre la volonté de ce dernier.
Empêché d’aller, lui et ses ministres, au contact de la population lors des sorties sur le terrain, ne pouvant même pas descendre, ce samedi, sur la pelouse du Stade de France saluer les deux équipes finalistes de la Coupe de France, ni n’ayant quoi que ce soit à dire sur la guerre en Ukraine (la France a donné quitus aux Américains pour agir et gérer cette question, même si la clé du conflit ukrainien se trouve entre les mains de la Chine), comme sur les sujets qui préoccupent l’Union européenne, n’étant plus en mesure d’accueillir ses homologues en visite officielle, Emmanuel Macron ne fait que subir les événements.
Jupiter, l’homme le plus haï de France, juge-t-on dans l’opposition, mène à présent la France à la godille. Et dire qu’au début de son aventure présidentielle, Emmanuel Macron passa pour le thaumaturge sauveur d’une France sortie abîmée des règnes Sarkozy et Hollande. Un temps, Macron se voulut même l’incarnation du rêve français.
Un rêve, au final, inachevé et qui a tourné au cauchemar dont lui seul devrait assumer l’entièreté de la responsabilité.
M. S.
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