Zekri scandalisé : «Voilà qu’on traque le musulman jusque dans les écoles !»
Par Nabil D. – C’est un président de l’Observatoire [français] contre l’islamophobie hors de lui qui s’exprime au lendemain de la scandaleuse affaire de Toulouse. «Voilà qu’on traque les musulmans jusque dans les salles de classe», s’est révolté Abdallah Zekri qui insiste, encore une fois, sur le fait que l’instance qu’il préside «n’a eu de cesse de mettre en garde contre cette montée graduelle des actes islamophobes en France et que ceux-ci tendent désormais à être institutionnalisés». «En effet, s’est-il interrogé, dubitatif, comment expliquer que des policiers demandent à obtenir la liste des élèves qui ont manqué volontairement les cours le jour de l’Aïd pour vraisemblablement les ficher n’aient pas été sanctionnés par la hiérarchie et que signifie ce silence des responsables politiques malgré la gravité de ce qui vient de se produire ?»
«L’islamophobie en France vient de franchir un nouveau cap et fait craindre le pire car on se rend compte que des éléments d’un corps constitué agissent en électrons libres, sans doute mus par une idéologie», s’inquiète le recteur de la Mosquée de la Paix, à Nîmes, qui a lui-même été la cible de menaces plusieurs fois, en raison de ses prises de position hostiles aux atteintes répétées à l’islam et à la communauté musulmane. «J’ai averti plus d’une fois sur la déplorable opportunité qu’offre une certaine classe politique et une poignée de médias influents qui distillent un discours haineux envers les musulmans du matin au soir sans qu’aucune autorité habilitée bouge le petit doigt pour arrêter cette dérive qui menace la société française d’éclatement», alerte encore une fois Abdallah Zekri dont les mises en garde ne semblent pas avoir atteint des décideurs «enfermés dans leurs certitudes et leurs dogmes», regrette-t-il.
L’affaire de Toulouse a été suivie par une déclaration controversée du ministre de l’Intérieur français qui «n’est pas faite pour apaiser les esprits et instaurer un climat d’entente et de vivre-ensemble», dénonce Abdallah Zekri. Ce dernier fait référence aux propos tenus par Gérald Darmanin qui a affirmé que «pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite». «Un tel écart d’un membre influent du gouvernement français va créer un malaise aussi bien en France qu’hors des frontières françaises», commente le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), toujours actif malgré les tentatives du président Emmanuel Macron de lui substituer une autre institution plus «docile».
Pour Abdallah Zekri, Gérald Darmanin «a commis une grave maladresse en généralisant le terrorisme au principal courant religieux de l’islam qui représente pratiquement 90% des musulmans dans le monde». «S’il ne corrige pas ce grave écart, non seulement les dépassements comme celui qui vient d’avoir lieu à Toulouse iront crescendo car leurs auteurs se sentiront protégés en haut lieu, mais les relations de la France avec le monde musulman sunnite majoritaire seront également sévèrement impactées», prévient Abdallah Zekri qui met aussi bien le ministre de l’Intérieur que celui de l’Education devant leurs responsabilités suite à «l’Inquisition des temps nouveaux qui a consisté en une abominable chasse aux enfants musulmans à l’académie de Toulouse».
N. D.
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