Les Palestiniens sidérés par le degré d’obséquiosité du Makhzen envers Israël
Par Houari A. – Le journaliste palestinien Abdel Bari Atwan s’est dit estomaqué par le degré de viscosité du régime de Rabat envers l’Etat hébreu qui, a-t-il affirmé dans un de ses enregistrements vidéo suivis par de très nombreux internautes à travers le monde arabe, «a dépassé toutes les lignes rouges». «Pourquoi le Maroc fait-il preuve d’autant de zèle dans son obséquiosité vis-à-vis d’Israël, et pourquoi maintenant précisément ? Que cherche le Maroc à gagner à travers la reconnaissance par Israël de sa souveraineté et ses droits sur le Sahara Occidental ? Au contraire, si réellement il détient des droits [comme il le prétend], cette reconnaissance par Israël les détruit et ôte toute légalité à sa revendication [sur ce territoire]», a-t-il souligné.
«Israël est un Etat voyou, Israël est un Etat raciste, Israël viole des territoires graves, musulmans et chrétiens. Comment le Maroc peut-il tirer vanité de cette reconnaissance ? C’est, en vérité, une honte pour le Maroc», a rappelé la figure palestinienne très populaire. «Le peuple marocain, a-t-il appuyé, rejette cette normalisation et cette reconnaissance.» Et de poursuivre : «Nous le constatons à travers les réseaux sociaux : le peuple marocain n’est aucunement en phase avec les décisions de ses dirigeants, de son gouvernement, véritable coup d’encensoir à l’endroit de l’Etat d’Israël pour arracher sa reconnaissance de la [pseudo] marocanité du Sahara Occidental».
«Mais, pardi, adressez-vous donc aux Etats arabes, aux Etats islamiques, aux Etats européens ! Pourquoi suppliez-vous cet Etat qui tue vos frères, vos enfants en Palestine occupée, doit-on vous faire un dessin pour vous convaincre qu’Israël est un Etat raciste ?» a interrogé Abdel Bari Atwan, en précisant qu’il avait pour habitude de se rendre au Maroc, mais que cela faisait des années qu’il n’y a plus mis les pieds. «Dès que je déclinais ma nationalité auprès des citoyens marocains, je jure qu’ils pleuraient tellement ils aiment et respectent la Palestine et croient en la cause palestinienne», a encore affirmé l’ancien directeur du quotidien Al-Qods Al-Araby.
Rappelant que des Marocains sont tombés en martyrs pour la Palestine, à l’instar de leurs aïeux, combattants issus de tous les pays du Maghreb qui se sont battus aux côtés du héros Salah-Eddine Al-Ayyoubi, libérateur d’Al-Qods et de la Palestine des Croisés, Abdel Bari Atwan s’est adressé aux Marocains en les blâmant : «Pourquoi détruisez-vous cet héritage ? Pourquoi soufflez-vous ce legs ? Pourquoi ternissez-vous la réputation du Maroc ?» «Tous les peuples arabes sont contre la normalisation de leurs gouvernements avec Israël. Les Marocains doivent se dresser contre la position de leurs dirigeants démocratiquement, ces dirigeants qui ont poussé leur [soumission] jusqu’à adresser une invitation à Benyamin Netanyahou pour visiter le Maroc, alors que même les Etats-Unis qui, pourtant, soutiennent et arment Israël ont refusé de façon catégorique d’inviter le Premier ministre israélien à Washington et y rencontrer le président américain à la Maison-Blanche», a-t-il rappelé.
Exhortant Mohammed VI à prendre exemple sur Joe Biden, le journaliste palestinien a de nouveau interrogé les Marocains : «Qu’avez-vous gagné dans cette histoire de lobbying auprès des Etats-Unis, alors que Netanyahou lui-même adjure Washington de l’inviter et alors que sa situation à l’intérieur même d’Israël est catastrophique, des centaines de milliers d’Israéliens manifestant tous les jours pour réclamer son départ ? Pourquoi le Maroc est-il le seul pays au monde à s’échiner à vouloir briser l’isolement de Netanyahou ?»
«Le régime marocain allègue qu’il a peur de l’Algérie. Si nous regrettons le différend qui existe entre le Maroc et l’Algérie – nous aurions aimé que les relations entre ces deux pays frères soient excellentes – il faut que les Marocains comprennent que l’Algérie ne s’arme pas contre eux, mais pour se défendre contre une éventuelle agression venant d’Israël ou d’Europe. Vous avez bien vu ce qu’il s’est passé en Libye et en Syrie !» a-t-il conclu.
H. A.
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