Doubles otages
Par Khider Mesloub – Le gouvernement Macron, au lieu de s’occuper du corps enseignant en proie au délabrement du système éducatif et à la pénurie sans précédent de professeurs et de personnel éducatif, fixe obsessionnellement son regard sur le corps des petites filles musulmanes, dénudées médiatiquement sous toutes les coutures chaque jour par les indécents médias voyeurs, convoyeurs de propagandes et pourvoyeurs de racisme. Au lieu d’endiguer le dénuement des établissements scolaires, il s’acharne à focaliser sa politique pédagogique sur l’habillement des petites lycéennes musulmanes, soumises à un contrôle de reconnaissance faciale et vestimentaire à l’entrée de leur établissement scolaire.
Comment expliquer la récurrence des polémiques autour des «signes religieux islamiques» dans les écoles publiques, sinon par cette coupable politique d’élusion des problématiques de l’éducation, cette luciférienne manœuvre d’escamotage du sabotage du système éducatif ?
L’instrumentalisation de la tunique traditionnelle jugée islamique vise en vrai à voiler la faillite du système éducatif français, à occulter les interminables attaques sociales menées frontalement et effrontément par le gouvernement Macron, notamment contre des millions d’élèves privés de repas dans leur foyer, du fait de l’appauvrissement accéléré de leurs parents, précipités violemment dans la paupérisation et l’insécurité alimentaire.
Cette croisade «laïcarde» conduite par le gouvernement Macron s’acharne à faire des populations de confession musulmane les boucs-émissaires de la crise multidimensionnelle actuelle, en particulier les jeunes écolières présentées comme menaçant l’ordre scolaire par leur tenue vestimentaire jugée fallacieusement comme religieuse. Notamment l’abaya.
Pis. Ces adolescentes, attifées de leur abaya, menaceraient, selon les autorités et les médias stipendiés, la République. Rien que ça ! Comble du cynisme, preuve de l’instrumentalisation de cette récurrente et écœurante polémique autour des signes prétendument religieux par l’affligeante classe dirigeante française, la «question de l’abaya» concerne 150 établissements scolaires sur plus de 100 000. Soit à peine 1,5%. Sur 12 millions d’élèves, il y a eu, lors de la rentrée scolaire du 4 septembre 2023, seulement 67 élèves qui ont refusé d’ôter leur abaya. Le même jour, la rentrée scolaire a été marquée par la pénurie de plus de 3 200 professeurs. Autrement dit, des dizaines de milliers d’élèves ne pourront pas suivre certaines matières faute de professeurs.
La veille, le nouveau ministre français de l’Education, Gabriel Attal, au lieu d’annoncer le recrutement de professeurs, il s’est fendu d’une déclaration incendiaire prévoyant l’interdiction du port de l’abaya à l’école. Voilà le «programme éducatif» de ce minus ministre. Une pédagogie de la répression, de la stigmatisation d’une catégorie de la population, notamment des écolières de confession musulmane, victimes de mesures vexatoires étatiques, de persécutions psychologiques en raison de leur tenue.
Théoriquement, les islamistes ne doivent pas s’immiscer dans la polémique soulevée par la récente circulaire décrétée par Gabriel Attal. Pourtant, ils n’ont pas manqué d’instrumentaliser et de politiser, à leur tour, cette affaire d’abaya. N’étant pas à une contradiction près, d’un côté ils soutiennent que l’abaya n’est pas une tenue islamique, de l’autre, ils fustigent la circulaire Gabriel Attal pour son caractère jugé islamophobe.
Les jeunes filles françaises et immigrées de confession musulmane sont ainsi prises en otage par ces deux entités fanatisées : les croisés du gouvernement Macron et les islamistes phallocrates. Elles sont prises entre le marteau de la répression laïque gouvernementale et l’enclume de la séquestration religieuse des islamistes.
Les deux instances réactionnaires veulent contrôler le corps des jeunes filles françaises de confession musulmane, au nom de la laïcité pour le gouvernement Macron, en vertu de la charia pour les islamistes.
K. M.
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