Ahmed Attaf n’a à aucun moment appelé à une «solution rapide» avec le Maroc
Par Karim B. – Des médias marocains ou pro-marocains se sont empressés de répercuter les propos tenus par le ministre des Affaires étrangères lors d’un entretien à la chaîne qatarie Al-Jazeera, sur la construction du Grand Maghreb. Des propos déformés à dessein pour faire accroire à une volonté de l’Algérie de «renouer avec le Maroc» au plus vite. S’exprimant en arabe classique, Ahmed Attaf a expliqué que la nature de l’Algérie est de «toujours rechercher des solutions rapides». Le chef de la diplomatie voulait clairement insinuer que si crise il y a entre l’Algérie et le Maroc et si retard il y a dans l’édification de l’espace régional maghrébin, la faute n’incombe forcément pas à la partie algérienne.
Le ministre des Affaires étrangères a usé d’un langage diplomatique et n’a pas voulu citer le Maroc directement comme étant la partie qui entrave l’effort d’unification des rangs qui avait été fait dans les années 1980, sous l’ère du défunt Chadli Bendjedid. L’Algérie avait espoir, à l’époque, que le roi Hassan II fît prévaloir la sagesse et la primauté de l’intérêt commun des pays de la région pour participer à l’initiative algérienne d’affronter les défis mondiaux en tant que bloc soudé face aux menaces multiples qui pesaient, à l’époque déjà, sur les pays du Sud.
Ahmed Attaf n’a à aucun moment parlé d’une quelconque volonté d’Alger de «rechercher une solution rapide» à la crise algéro-marocaine, dans le cadre des relations bilatérales rompues unilatéralement par l’Algérie, en raison des interminables actions de déstabilisation que Rabat n’a cessé d’entreprendre, notamment la normalisation avec Israël et les complots échafaudés avec l’homme fort d’Abu Dhabi, Mohamed Ben Zayed, animateur pour le compte de Washington du plan de soumission des pays arabes à l’entité sioniste via les accords d’Abraham. Des sources proches du dossier expliquent que l’Algérie, non seulement ne fera jamais le premier pas, connaissant la perfidie du régime monarchique de Rabat, mais elle n’acceptera même pas les mains tendues sournoises du perfide Mohammed VI.
Le ministre des Affaires étrangères peut d’autant moins tenir de tels propos conciliants à l’égard du Makhzen, que ceux-ci coïncident avec une nouvelle manœuvre visant à saboter le processus de paix au Mali parrainé par l’Algérie. Une manœuvre corrélée à une autre, téléguidée par la France, dont le but inavoué est de piller les richesses du sous-sol malien et nigérien en faisant transiter les produits miniers par l’océan Atlantique.
Cette tentative de faire dire à Ahmed Attaf ce qu’il n’a pas dit est un énième coup d’épée dans l’eau, qui ne fait que confirmer l’attitude fourbe du régime marocain et de ses clairons, parmi lesquels une poignée de mercenaires algériens.
K. B.
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