L’Algérie a-t-elle gelé à nouveau ses relations avec le royaume d’Espagne ?
Par Karim B. – L’Algérie a-t-elle gelé ses relations diplomatiques avec l’Espagne, quelques mois à peine après la désignation de l’ambassadeur Abdelfetah Daghmoum à Madrid ? C’est, en tout cas, ce qu’indique le journal espagnol El-Independiente, qui rapporte cette information dans son édition de ce jeudi. Selon ce média, «le gouvernement algérien accuse Pedro Sanchez d’avoir détruit les espoirs d’un rétablissement des relations bilatérales» après sa visite à Rabat et les déclarations qu’il y a tenues.
«Jusqu’à il y a quelques jours, à Alger, la possibilité d’ouvrir une nouvelle page dans les relations avec l’Espagne était envisagée avec un optimisme prudent, après la crise provoquée il y a deux ans par l’alignement du gouvernement espagnol sur les thèses marocaines dans le conflit du Sahara Occidental, mais cette volonté de renouer les liens s’est complètement évaporée la semaine dernière», écrit El-Independiente, selon lequel «sept jours ont suffi pour effacer les progrès réalisés en plusieurs mois». «Le voyage express de Pedro Sanchez au Maroc pour être reçu en audience par le roi Mohammed VI et la déclaration ultérieure du royaume alaouite, avec le prétendu soutien espagnol à des projets qui ont l’ancienne colonie espagnole comme épicentre, ont dynamité les premiers signes de dégel», insiste le média espagnol, qui se réfère à des sources ayant requis l’anonymat. Ces dernières indiquent qu’«il n’y aura ni concessions ni gestes supplémentaires» de la part d’Alger qui «ne fera pas de cadeau».
«Maintenant, les relations hispano-algériennes sont entrées, pour ainsi dire, dans une phase de paix froide, les Algériens se sentant doublement trahis», a déclaré une source algérienne au journal espagnol, une source qualifiée de «très proche des cercles du pouvoir». «Le sentiment parmi les dirigeants politiques algériens est que le gouvernement Sanchez les a trompés et que ce qui semblait être un retour de l’Espagne à sa neutralité traditionnelle dans le dossier du Sahara Occidental est revenu à la position pro-marocaine», a précisé cette source qui fait savoir qu’«alors que les relations ont semblé s’améliorer après le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid, le gouvernement espagnol a trahi les Algériens pour la seconde fois».
El-Independiente pointe le «manque de tact du ministre espagnol des Affaires étrangères, le socialiste José Manuel Albares, dans la préparation d’un voyage à Alger, qui devait marquer la relance des relations bilatérales». «Albares a attribué la suspension de la visite à l’agenda algérien, mais la tentative du ministre d’imposer ses conditions, jugées inacceptable par Alger, a conduit les autorités algériennes à annuler le voyage», affirme le journal, selon lequel «les démarches d’Albares, qui souhaitait discuter uniquement des questions commerciales et éviter celle du Sahara Occidental, ont mis fin à une visite au cours de laquelle il avait initialement prévu de rencontrer le président et le ministre des Affaires étrangères algériens».
«Malgré les déclarations répétées d’Albares, Alger a exclu son déplacement en Algérie dans un proche avenir, ce n’est pas à l’ordre du jour», précise El-Independiente.
K. B.
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