Quand l’Algérie réexpédie un crayon pollué à son propriétaire Jeune Afrique
Par Karim B. – Quand vous atterrissez dans un des aéroports de la grande démocratie qu’est l’Australie, à Sidney, Melbourne ou Cambera, vos bagages sont passés au peigne fin et si, par malheur, de la nourriture ou des plantes sont retrouvées entre vos effets vestimentaires et votre nécessaire de toilette, celles-ci sont systématiquement confisquées et une amende salée est émise illico. Les autorités australiennes interdisent, en effet, toute importation de produits qui présentent un risque pour la biosécurité du pays. C’est ce qui est arrivé à l’aéroport international d’Alger, voici quelques jours, où un crayon contaminé a été réexpédié à son propriétaire, Jeune Afrique, le Makhzen ayant cru pouvoir se servir encore une fois de son passeport algérien pour propager ses germes microbiens chez nous.
Jeune Afrique, pour ceux qui ne connaissent pas vraiment cette feuille de chou paraissant en France, est un outil de propagande en majeure partie financé par le régime de Rabat. Un journaliste et écrivain malien en a fait la révélation, documents à l’appui. Dans un article intitulé «Un contrat de communication de 700 000 euros lie le Maroc au magazine Jeune Afrique», paru dans Nextafrique, l’auteur écrit que ce magazine «a souvent été qualifié de caisse de résonance de la Françafrique, journal corrompu, bras armé de la Françafrique, sac à m…, [etc.]. Ses accointances avec les régimes dictatoriaux africains qui s’obstinent à pérenniser leur rôle de négriers de la France n’est plus à prouver. Ceux-ci payent cher pour rester au pouvoir».
«Parmi les régimes qui font recours aux services de Jeune Afrique se trouve la monarchie médiévale du Maroc», souligne l’auteur, qui a réussi à obtenir la copie d’une facture trouvée parmi les documents confidentiels des services secrets marocains. Celle-ci, référencée MAR0711-01, datée du 22 juillet 2011 et libellée au nom du ministère marocain de l’Intérieur, concerne un «contrat de communication» dont le montant s’élève à 125 000 euros. Il s’agit, selon cet auteur, d’un «système de connivences sournois au détriment des peuples africains» pour le maintien duquel «Jeune Afrique existe». «Si bien que Françafrique, sans jeu de mots, serait un nom beaucoup plus approprié à ce canard dont le proprio arabe exilé en France, Béchir Ben Yahmed, se fait du beurre et des peanuts sur le dos des nègres d’Afrique.»
«Hasard ou nécessité, un curieux phénomène veut que la mise sur pied de [la] politique de confiscation de l’indépendance négro-africaine coïncide étrangement avec la naissance du journal Jeune Afrique, fondé le 17 octobre 1960 à Paris par le Tunisien Béchir Ben Yahmed», insiste l’écrivain et juriste malien. Ce dernier relève la «péjorative appellation» de ce média, «qui sous-entend ce sinistre paternalisme dont le colon français n’arrivera jamais à se défaire, voulant toujours faire croire que l’Afrique – vieille de plusieurs millénaires et berceau de l’humanité et de la civilisation – n’a existé qu’avec sa venue. Lui qui n’a qu’une histoire d’à peine quelques siècles. Lui qui n’a commencé à exister qu’avec son contact avec l’Afrique».
Pour cet écrivain, la création de ce média «néocolonialiste relève de tout, sauf du hasard». Le journaliste se réfère à l’économiste François-Xavier Verschave, connu pour sa dénonciation de la politique africaine de la France, qui soutenait que «le journal franco-africain Jeune Afrique est devenu le légataire universel des œuvres de Jacques Foccart», en indiquant que «depuis 1983, il [Jacques Foccart, ndlr] mangeait tous les mois avec Béchir Ben Yahmed». «Ce mariage est le plus ancien et le plus connu», commente l’économiste français.
«Que peut-on rajouter à cette confession non équivoque, sinon rappeler que ce mariage entre le faucon Foccart et le vautour Ben Yahmed, cette union incestueuse entre le prédateur et le charognard remonte à bien plus longtemps que ce que le premier affirme dans ses mémoires, c’est-à-dire à l’origine même de la Françafrique, de 1958 à 1960», s’indigne le journaliste malien, convaincu que «le néocolonialisme français» a «pour nom Françafrique» et «pour instrument Jeune Afrique». Ce à quoi on pourrait ajouter : il a pour bailleur de fonds le Makhzen, toujours sous protectorat français.
K. B.
Comment (28)