De l’or noir à l’urne noire : les racines cachées de l’extrême-droite
Une contribution du Dr A. Boumezrag – Alors que les Français élisent leurs députés ce dimanche, une réflexion s’impose sur les dynamiques historiques et socio-économiques qui nourrissent la montée de l’extrême-droite. La France contemporaine, souvent perçue comme un bastion de la démocratie et des droits de l’homme, cache des racines profondément ancrées dans l’exploitation et la colonisation de l’Afrique. Comprendre ce passé complexe permet de saisir les enjeux actuels et les risques de l’ascension des idéologies populistes et nationalistes.
Le sang et la sueur : fondements d’une nation
La France, à travers les siècles, a bâti sa prospérité sur l’exploitation de ses colonies africaines. Les ressources humaines et naturelles de ces territoires ont été systématiquement mises à profit pour enrichir la métropole. Les travailleurs forcés et les conditions de vie inhumaines ont contribué à une croissance économique basée sur le sang et la sueur des colonisés. Ce passé d’exploitation humaine continue de hanter les relations entre la France et ses anciennes colonies.
Energie et uranium : le cœur du développement
L’après-guerre a marqué une période de reconstruction et de développement économique intense en France, nécessitant une demande accrue en énergie. L’Afrique, riche en ressources naturelles, est devenue une source cruciale d’uranium, indispensable pour les centrales nucléaires françaises et l’arsenal militaire. Des pays comme le Niger ont été exploités pour assurer un approvisionnement constant, renforçant ainsi l’influence et l’interventionnisme français sur le continent.
Pillage des ressources : une pratique pérennisée
Les colonies africaines ont été dépouillées de leurs ressources naturelles, les bénéfices étant rapatriés en France. Les minerais, le pétrole et les matières premières agricoles ont été extraits de manière systématique, souvent au détriment des populations locales. Les profits tirés de ces ressources ont rarement été réinvestis dans les économies locales, créant des inégalités profondes et perpétuant une dynamique néocoloniale.
Dictateurs africains : les pions de la Françafrique
Pour garantir la stabilité de ses intérêts économiques et stratégiques, la France a soutenu de nombreux régimes dictatoriaux en Afrique. Ces régimes, souvent installés ou maintenus au pouvoir grâce à des interventions françaises, ont permis de sécuriser un accès privilégié aux ressources tout en réprimant les mouvements d’indépendance et de démocratisation. La Françafrique, ce réseau de relations opaques et souvent corruptives, a assuré la continuité des intérêts français au détriment du développement démocratique et économique des pays africains.
Montée de l’extrême-droite en 2024 : un retour au passé ?
La montée de l’extrême-droite en France est alimentée par des sentiments de déclin économique, de perte d’identité culturelle et de crainte face à l’immigration. La rhétorique de l’extrême-droite capitalise sur ces frustrations, pointant du doigt les immigrés et les minorités comme boucs émissaires. Cette idéologie néglige les liens historiques complexes et les responsabilités de la France envers ses anciennes colonies, exacerbant ainsi les tensions sociales et internationales.
Les conséquences potentielles : un avenir inquiétant
Si l’extrême-droite venait à prendre davantage de pouvoir, les politiques d’immigration pourraient se durcir, les relations avec les anciennes colonies pourraient se détériorer, et les tensions sociales pourraient s’aggraver. Une telle évolution renforcerait également les régimes autoritaires en Afrique, exacerbant les dynamiques de pillage des ressources et de répression. L’histoire de la colonisation et de l’exploitation continue de hanter les relations entre la France et ses anciennes colonies, nourrissant des discours populistes et nationalistes.
Conclusion
Au moment des élections législatives anticipées en France, il est crucial de se rappeler que notre avenir collectif ne peut être construit sur les ruines de l’exploitation passée. La justice, l’équité et la coopération internationale doivent guider notre chemin pour un avenir où chaque voix compte et chaque vie est respectée. Comprendre les racines cachées de l’extrême-droite, c’est aussi reconnaître et réparer les injustices du passé, pour construire une société plus inclusive et juste, tant en France qu’en Afrique.
A. B.
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