Graves révélations d’une députée sur la décision de Macron de soutenir le Maroc
Par Karim B. – On subodorait une motivation machiavélique dans la décision du président français d’apporter l’alignement officiel de la France sur l’illégal plan marocain au Sahara Occidental. La confirmation de cette motivation vient d’être apportée par la députée écologiste Sandrine Rousseau, dans un message de dénonciation laconique posté sur les réseaux sociaux.
«Annoncer un soutien de la France à la position marocaine sur le Sahara Occidental. Prévenir en premier les industriels. Ne pas consulter le Parlement. En plein été. Sans respecter le droit à l’autodétermination.» L’élue française met en avant cinq griefs, mais l’un d’entre eux est révélateur de l’opportunisme économique de cette démarche contre laquelle de nombreuses personnalités politiques françaises se sont élevées avec véhémence.
On apprend donc que le locataire de l’Elysée a informé les hommes d’affaires de sa décision avant même de l’officialiser au travers d’un courrier adressé au roi du Maroc, dans lequel il l’assure, toute honte bue, de son appui dans la violation des résolutions onusiennes. A cela, rien d’étonnant. Le pouvoir français n’en est, en effet, pas à sa première entorse au droit international, passant outre les verdicts sans appel de la Cour de justice de l’Union européenne qui a clairement interdit toute activité aux entreprises européennes dans les territoires sahraouis occupés. La CJUE a notamment rendu plusieurs jugements remettant en cause les accords de pêche qui lient le régime de Rabat à l’Union européenne. Foulant aux pieds les arrêts de l’instance judiciaire européenne, les firmes françaises continuent de pêcher dans les eaux territoriales sahraouies, encouragées par le gouvernement français.
En juin 2023, la Commission européenne confirmait qu’il n’allait pas y avoir de négociations pour renouveler l’accord de pêche UE-Maroc, étendu illégalement au Sahara Occidental occupé. En septembre 2021, le Tribunal de l’Union européenne avait statué en faveur de la République sahraouie qui soutenait que l’accord de pêche avec le Maroc avait été conclu sans le consentement du peuple du Sahara Occidental.
Dans une lettre relayée par l’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW), le ministre néerlandais de l’Agriculture avait indiqué que la Commission européenne avait exclu une éventuelle extension de l’accord de pêche entre le Maroc et l’UE. Dans cette missive datant du 28 mars 2023 et traitant de la question avec le Parlement néerlandais, le ministre s’était référé à des informations de la Commission européenne qui avait conclu qu’elle n’entamerait pas de négociations avec le Maroc pour une prolongation de cet accord.
Avec la nouvelle décision imprudente d’Emmanuel Macron, la France vient de franchir un nouveau pas dans l’inobservation flagrante des lois internationales et des sentences d’une Cour de justice européenne qu’il a déconsidérée au profit des patrons du CAC 40 auxquels il sait gré de l’avoir parachuté à l’Elysée.
K. B.
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