Première mesure de rétorsion après le retrait de notre ambassadeur en France
Par Abdelkader S. – «Depuis le début août, Alger renvoie systématiquement vers la France ses ressortissants expulsés de l’Hexagone», révèle Le Canard Enchaîné, dans sa livraison de ce mercredi 7 août. «Une situation qui s’est dégradée depuis la récente prise de position de Macron en faveur du Maroc au sujet du Sahara Occidental», explique le journal, selon lequel, le 5 août, le cabinet du ministre de l’Intérieur français «a demandé aux préfets un point précis des situations de blocage». «On dénombre des dizaines de clandestins de nationalité algérienne sous obligation de quitter le territoire qui effectuent des simples allers-retours en avion», a affirmé un haut fonctionnaire français, toujours selon l’hebdomadaire connu pour être bien informé.
«Ce n’est pas la première fois que l’Algérie use de l’arme de l’immigration illégale contre Paris. A l’automne 2021, alors que les deux pays traversaient une énième crise diplomatique sur fond de l’impossible réconciliation, le président algérien avait dénoncé le gros mensonge du ministre de l’Intérieur français sur le nombre d’OQTF délivré par Beauvau. Ce dernier avait assuré avoir prononcé 7 730 obligations. En réalité, la France avait formulé seulement 597 demandes à Alger», rappelle Le Canard Enchaîné, en ironisant : «Darmanin a un problème de calcul mental.»
Le journal revient dans un autre article, paru dans la même édition, sur les raisons qui ont poussé le président français à soutenir le plan marocain dans le dossier sahraoui. Il croit savoir que l’ambassadeur de France à Rabat a joué un rôle prépondérant dans cette virevolte qui est passée sous le nez de notre ambassadeur rappelé de Paris. «Promu par Christophe Lecourtier, réputé proche de Nicolas Sarkozy et Rachida Dati, deux avocats zélés de la marocanité du Sahara, le virage français obéit aussi à des impératifs très prosaïques», explique l’hebdomadaire.
«Il s’agit de préserver les intérêts des géants bleu-blanc-rouge de l’énergie et du BTP dans un royaume assidûment courtisé par la Chine et la Russie», précise-t-il, en ajoutant qu’«un facteur africain a également pesé». «En perdition dans l’aire subsaharienne – notamment au Sahel –, la France mise sur l’allié marocain dont l’activisme continental est patent, pour sauver quelques positions en Afrique», fait remarquer, en effet, Le Canard Enchaîné.
Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avait déclaré, dans une récente conférence de presse, que le retrait de l’ambassadeur d’Algérie en France n’était qu’une première étape et que d’autres mesures allaient suivre, sans donner plus de détails. Des sources médiatiques françaises ont toutefois affirmé, en se référant à des sources proches du dossier côté français, que l’Algérie n’envisageait pas de sanctions économiques et ne comptait pas mettre fin aux activités des firmes françaises en Algérie, notamment celles du géant pétrolier TotalEnergie. Il s’agira donc d’opérations ciblées, dans un premier temps, en attendant de voir jusqu’où le président français ira dans son incitation à la violation du droit international.
A. S.
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