Plan d’autonomie marocain : l’absurdité de la position française mise à nu
Par Kamel M. – La chercheuse portugaise au Centre d’études africaines de l’université de Porto a rappelé, dans un article publié dans Esquerda, que le référendum «est le seul cadre politique reconnu comme légitime pour déterminer le futur du peuple sahraoui à ce jour». Ce dernier, a-t-elle précisé, a été convenu entre les parties – le Maroc et le Front Polisario – lors du cessez-le-feu de 1991 sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine.
«On a beaucoup écrit sur le plan d’autonomie pour le Sahara Occidental présenté par le royaume du Maroc pendant le mandat de l’Américain James Baker, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, mais il n’est jamais mentionné que la proposition d’autonomie a été acceptée par le Front Polisario pour être incluse dans les questions du référendum pour l’autodétermination du Sahara Occidental», souligne Isabel Lourenço.
Relevant la contraction du pouvoir français en reconnaissant le plan d’autonomie proposé par le Maroc, l’universitaire explique que «le mandat de la Minurso est renouvelé chaque année par le Conseil de sécurité, dont la France est membre permanent» et que, donc, «il est clair que la France, du moins officiellement, reconnaît le référendum comme solution politique». «Je fais référence à la France en raison de sa prétendue reconnaissance de la marocanité du Sahara», poursuit Isabel Lourenço, selon laquelle «nous assistons à la nécrose du droit international à différents niveaux». «Pour l’instant, assure-t-elle, ce sont encore le droit international, les Nations unies et, bien sûr, les peuples occupés qui ont leur mot à dire sur l’autodétermination des peuples, et non, bien sûr, la France, à moins qu’elle ne veuille décoloniser les territoires qu’elle colonise encore.»
La chercheuse portugaise déplore le fait que la proposition du Front Polisario, présentée en 2007, soit la même année que celle du Maroc, ne soit «malheureusement jamais mentionnée ou analysée lorsque des pays, comme la France récemment, parlent du plan d’autonomie du Maroc comme d’une solution crédible ou, dans ce cas, pire encore, comme la seule solution politique». «Les politiciens portugais semblent également ne pas être au courant des procédures du référendum et du cadre des Nations unies qui est à la base du discours de toutes les parties, avec de légères différences, en ce qui concerne la question du Sahara Occidental, ainsi que les questions qu’elle contient», note-t-elle. «Si ce n’était pas le cas, toute cette polémique ne se produirait pas, car lorsqu’on les a interrogés sur le plan d’autonomie du Maroc, ils n’ont évidemment pas eu à se positionner pour ou contre, puisqu’ils ne sont pas électeurs au référendum», ajoute l’universitaire.
La crédibilité et la bonne foi de la proposition sahraouie «sont indiscutables et amènent à se demander pourquoi des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne et d’autres n’y réfléchissent pas», objecte Isabel Lourenço. Ce, d’autant que, étaie-t-elle, la proposition du Polisario «est encadrée et définie dans les paramètres et les exigences du droit international, des résolutions des Nations unies et de l’acte constitutif de l’Union africaine, ainsi que des différents cycles de négociations entre le Front Polisario et le Maroc».
K. M.
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