Plouto-xénocratie
Par Mrizek Sahraoui – La preuve que la parole de la France ne vaut plus rien sur la scène internationale, c’est encore Emmanuel Macron qui vient de l’apporter. Vendredi dernier, ce dernier a commis un tweet dans lequel il a écrit, comme si cela en vaut la peine : «Il faut que la guerre à Gaza s’arrête, tous doivent l’entendre. C’est crucial pour les Gazaouis, pour les otages, pour la stabilité de la région aujourd’hui en jeu.» Le lendemain, soit vingt-quatre heures plus tard, le gouvernement criminel de Benjamin Netanyahou a ordonné des frappes contre une école à Gaza. L’attaque criminelle a fait 93 morts, dont des femmes et des enfants.
Personne n’écoute Emmanuel Macron, mais lui multiplie ses sorties inutiles. Des paroles dans le vent ? Non, pas vraiment. Si celles-ci n’ont aucun impact ni suite à l’international, elles ont pour objectif de servir le bricolage politique interne. Tout comme sa lettre rendue publique par le Makhzen, dans laquelle il apporte son soutien au plan visant la continuité de la colonisation du Sahara Occidental, perçue comme un message à l’extrême droite, sa déclaration pour demander l’arrêt de la guerre à Gaza n’est rien d’autre qu’un appel du pied au Nouveau Front populaire. NFP qui a mis dans son programme de campagne l’arrêt de la guerre à Gaza et prévu la reconnaissance de l’Etat palestinien.
En clair, pour se sortir du marigot politique dans lequel il s’est enlisé jusqu’à la garde et éviter à la France une crise politique profonde, Emmanuel Macron tente encore une fois son fameux «en même temps». Il tente de séduire l’extrême droite par le truchement d’un hypothétique soutien au Maroc, tandis qu’il caresse le Nouveau Front populaire par un vain et totalement inaudible appel à l’arrêt du génocide en Palestine occupée.
Sauf qu’Emmanuel Macron ne gouverne plus seul la France, ont alerté des observateurs de la politique française par le biais de vidéos publiées sur les réseaux sociaux. Ils s’accordent sur un décryptage très clair de la situation. Selon eux, Emmanuel Macron veut rendre la France ingouvernable pour, ensuite, la gouverner de l’extérieur. L’on s’achemine donc doucement, mais sûrement, vers une plouto-xénocratie dont le pouvoir suprême, a-t-on analysé, serait partagé par l’oligarchie nationale et des puissances étrangères. Traduire, les patrons du Cac 40 qui lorgnent les richesses du Sahara Occidental, les Etats-Unis, l’Union européenne et, bien sûr, l’entité sioniste par l’intermédiaire des lobbies présents sur le territoire français.
C’est loin d’être de la politique fiction lorsque l’on voit la vassalité de la France vis-à-vis des Américains ; sa soumission à Israël dont le soutien ne souffre pas l’ombre d’une ambiguïté et eu égard aux menaces d’amendes record que fait peser l’Union européenne à la France au sujet de ses déficits abyssaux (5,5% du PIB en 2023) et en rapport à sa dette immense (114% du PIB) en passe d’encore s’envoler.
Les Jeux de Paris s’achèvent mais laissent place à une fin de saison estivale politiquement encore plus brûlante que ne l’a été la flamme olympique.
M. S.
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