Impliqué dans une affaire scabreuse : l’Algérie va-t-elle réclamer Driencourt ?
Par Kamel M. – La justice algérienne va-t-elle lancer un mandat d’amener contre l’ancien ambassadeur de France à Alger, impliqué dans une affaire de transaction frauduleuse, dans laquelle sont cités également un des frères Kouninef et un notaire algérien en fuite en Espagne ? Il s’agit de la cession d’un terrain situé sur les hauteurs d’Alger, sur lequel est bâtie une villa de style mauresque, propriété de l’Etat français, vendue à 50 milliards de centimes, soit 47 545 DA/m2, alors que les services des domaines l’ont estimée à 230 000 DA/m2, selon nos confrères d’El-Watan et du Soir d’Algérie. On apprend également que le Sénat français indique un prix de 10 millions d’euros, alors que la vente a été conclue pour l’équivalent de 4,87 millions.
En raison du statut diplomatique du concerné, cette affaire relève de la Convention de Vienne, relative aux relations diplomatiques, laquelle stipule dans son article 31, alinéa 4, que «l’immunité de juridiction d’un agent diplomatique dans l’Etat accréditaire ne saurait exempter cet agent de la juridiction de l’Etat accréditant». Conformément à l’article 32 de ce traité signé dans la capitale autrichienne en 1961, «l’Etat accréditant peut renoncer à l’immunité de juridiction des agents diplomatiques et des personnes qui bénéficient de l’immunité».
L’article 41 de la Convention de Vienne est sans ambages : «[…] Toutes les personnes qui bénéficient [des] privilèges et immunités ont le devoir de respecter les lois et règlements de l’Etat accréditaire. Elles ont également le devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de cet Etat». Or, Xavier Driencourt a violé l’une et l’autre obligations qui lui étaient faites dans l’exercice de ses fonctions à Alger, où il a été ambassadeur par deux fois.
Par-delà l’aspect éminemment juridique de cette affaire scabreuse, c’est la collusion entre cet ancien ambassadeur donneur de leçons avec l’argent sale en Algérie qui interpelle et convoque un certain nombre d’interrogations. En contrepartie de quoi Xavier Driencourt a-t-il bradé ce bien au profit d’une famille dont il n’ignorait pas la réputation sulfureuse durant le long règne de Bouteflika ? L’Etat français était-il au courant de cette transaction frauduleuse qui, vu la manière avec laquelle elle a été négociée par son représentant à Alger, nuit en principe aux intérêts français ? Si Xavier Driencourt a vendu la villa à perte avec le consentement du Quai d’Orsay, qu’a-t-il reçu en retour des Kouninef ? Des renseignements stratégiques ? Des dessous de table ?
Le «retraité» bavard ne manquera pas de se justifier dans une interview dans Marianne, Le Point, Le Figaro ou un de ces nombreux supports dans lesquels il a l’habitude de pérorer sur l’Algérie, sa hantise.
K. M.
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