Canossa : comment Tebboune a piqué la curiosité sur un vieux fait historique
Par Houari A. – Les médias français et arabes ont focalisé sur une expression utilisée par le président Tebboune lors de sa dernière intervention télévisée. En réponse à la question sur sa visite officielle en France, plusieurs fois programmée et reportée, le chef de l’Etat a répondu qu’il n’irait pas à Canossa. Tous les journaux français ont repris cette formule en manchette, tandis que les chaînes et les titres arabophones se sont interrogés sur la signification de cette locution empruntée au chancelier Bismarck au XIXe siècle, laquelle signifie, par extension, un rejet de toute soumission.
En choisissant de décliner clairement l’invitation d’Emmanuel Macron par une tournure qui renvoie à un fait historique occidental, Abdelmadjid Tebboune a voulu montrer aux Français le degré d’érudition des Algériens, considérés jusqu’à il n’y a pas longtemps, comme le deuxième peuple maîtrisant la langue de Molière au monde, après les Français. Le chef de l’Etat a également fait se reporter son homologue français à un fait historique qui renseigne sur le refus de l’Algérie de demeurer une colonie aux yeux des nostalgiques de l’Algérie française qui, à l’image de l’ancien ambassadeur à Alger, Xavier Driencourt, fait preuve d’une condescendance insolente.
Tebboune n’a d’ailleurs pas manqué de citer ce diplomate dans une de ses récentes interventions, l’ajoutant aux «extrémistes haineux» auxquels il a fait référence dans sa réponse ce samedi. Une réponse d’une franchise rarement égalée depuis qu’il a pris les rênes du pays en 2019, en dépit des nombreuses crises diplomatiques qui ont émaillé les relations entre Alger et Paris et qui se sont terminées par le rappel de l’ambassadeur d’Algérie, dont le poste est toujours vacant à ce jour. Auparavant, le président Tebboune édulcorait son discours en affirmant à chaque fois que sa visite en France était maintenue et que son report n’était dû qu’à une question de calendrier ou à des quiproquos dont on devait comprendre qu’ils allaient être vite levés.
Le Président n’ira donc pas à Canossa. Le dossier est clos. Les errements de Macron et de son gouvernement, qui ont choisi de se rendre complices de la violation des résolutions de l’ONU et de passer outre les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne, participant avec le Maroc au pillage des richesses sahraouies, ont fini par agacer les autorités algériennes qui ne sont pas près de pardonner cette conduite inconsidérée de l’ancienne puissance coloniale.
H. A.
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