La chute finale
Par Mrizek Sahraoui – Tout au long du premier comme de son second mandat, Emmanuel Macron a réussi, par pirouettes successives et esbroufes répétées, à repousser les mauvaises passes. Cette fois, difficile au locataire du palais de l’Élysée d’échapper à la déferlante du mascaret populaire ou de duper encore et toujours le peuple. Le peuple qui a fini, dans sa grande majorité, par comprendre les tenants, les desseins et les dessous de la politique macroniste faite par les riches et pour les riches.
Exclusivement. Car, tandis que Macron festoie sous les ors du palais élyséen, le peuple, lui, se noie sous le poids de l’austérité. Le président Macron et (ses) gouvernements ont fini par ne plus écouter le peuple, mais les agences de notation, la Commission européenne et les fonds de pension américains, sous les conseils avisés de McKinsey, le cabinet international de conseil en stratégie.
Le tableau est noir, les feux virent au rouge vif, et la déflagration sociale se précise. Des préavis de grèves illimitées se sont multipliés ces dernières semaines. Celle du monde agricole commence ce lundi. Les tracteurs sont en route, ou ont même commencé à camper aux abords de Paris et des grandes métropoles. Une mobilisation qui sera sûrement d’ampleur, dont l’approbation et le massif soutien de l’opinion publique sont prédits par les sondages.
Les préavis tombent en cascade, venant des secteurs de l’aérien, de l’industrie, du commerce, du ferroviaire, en réalité de toutes parts. En cause, les usines qui ferment leurs portails les unes après les autres, laissant sur le carreau des milliers d’emplois, les plans sociaux en cascade, des agriculteurs qui n’arrivent plus à suivre le rythme imposé par une concurrence déloyale.
Alors que le pays risque la déflagration générale, le président Macron est en voyage en Amérique latine. Si, lors de son «voyage d’affaires» au Maroc, à l’occasion duquel il était accompagné d’une délégation composée de nababs du Cac 40, de responsables politiques formant le noyau du lobby pro-marocain, de quelques savantasses et des comiques qui ne font rire personne, si lors de ce déplacement, dit alors événement de l’année, à vrai dire un non-événement, il était allé au Maroc chercher la tallevane, le beurre, et le sourire du roitelet triomphant mais finissant, en Amérique latine, c’est pour supplier les pays de la région de renoncer à l’accord UE/Mercosur, accord d’association, entre autres sources de la colère du monde agricole français.
La colère est générale. Il ne peut en être autrement. Citons pêle-mêle quelques motifs du mécontentement populaire : les promesses faites aux agriculteurs ne sont pas tenues ; des milliers de salariés risquent de se retrouver sans emploi du jour au lendemain ; la souveraineté nationale a été piétinée à Jérusalem ; le Mossad s’est invité à Paris pour assurer le maintien de l’ordre à l’occasion du match France-Israël, tandis qu’une majorité de politiques sont devenus des soutiens, plutôt des soumis indéfectibles au gouvernement génocidaire de l’entité sioniste.
A chaque sortie médiatique, Emmanuel Macron affiche le sourire et vante un pays qui se porte bien. L’histoire montre que même l’orchestre du Titanic joua jusqu’au bout du naufrage. Là aussi il ne peut en être autrement : l’on s’achemine vers la chute finale du thaumaturge, faiseur non pas de miracles, mais causeur de débâcles.
M. S.
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