Les menaces de Retailleau sont aussi réelles qu’une représentation théâtrale
Une contribution du Dr A. Boumezrag – Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, n’est pas de ceux qui jouent les ministres discrets. Non, lui, il a choisi une autre voie : celle du spectacle militaire, où la baïonnette représente le symbole, le fusil fait le bruit, et les balles à blanc ne servent qu’à effrayer les spectateurs. Un show où, sous couvert de fermeté, on fait semblant de mener une guerre qui n’a jamais lieu.
Depuis son arrivée à Beauvau, l’homme semble avoir fait de l’Algérie sa scène de prédilection. Il s’agirait presque de jouer à la guerre froide avec un pays voisin, sans jamais vraiment risquer de confrontation. Des restrictions de visas, des expulsions d’Algériens qu’il s’efforce de rendre spectaculaires, des déclarations qui résonnent comme des coups de canon… Mais tout cela reste de la poudre aux yeux, des balles à blanc, sans portée réelle, sans conséquences durables.
Retailleau bombarde les ondes avec des mots durs, mais ses menaces sont aussi réelles qu’une représentation théâtrale : tout ce qu’il a, ce sont des postures. L’Algérie, elle, sait parfaitement que Paris ne dispose plus des leviers qu’elle croyait avoir. Les déclarations martiales se font vite remplacer par des accords en coulisses. Après tout, comme dans toute bonne comédie diplomatique, il ne faut jamais trop brusquer le partenaire, mais simplement maintenir l’apparence d’un conflit pour mieux se donner des airs de fermeté.
La réalité de la relation franco-algérienne est bien plus complexe qu’une simple danse de l’intimidation. Depuis des décennies, Paris oscille entre paternalisme et désir de fermeté. Mais à force de répéter les mêmes gestes, on finit par se retrouver pris dans une mise en scène sans fin, où le ministre de l’Intérieur joue son rôle comme un chef d’orchestre du vide diplomatique.
Retailleau impose des mesures, fait le show médiatique, mais au fond, rien ne change vraiment. Alger, de son côté, sait parfaitement que ces menaces n’ont pas de fondement, qu’elles ne mènent à rien de concret. Les tensions grandissent, mais la diplomatie continue dans les coulisses.
Alors, qu’est-ce qui reste ? Des balles à blanc, du bruit et une politique du spectacle. Des ministres qui font de la scène, mais sans jamais produire de véritables résultats. Une politique étrangère où, à force de se draper dans la fermeté et le symbolisme, on oublie que l’Algérie n’est ni un pays vassal ni un sujet à administrer. Elle est un partenaire souverain.
Retailleau continue de brandir sa baïonnette pour les caméras, mais la réalité est bien plus simple : il n’y a pas de guerre réelle, juste un interminable spectacle diplomatique qui perd toute crédibilité avec le temps. Tout ça pour quel résultat ? Un écho vide qui finit par s’éteindre, sans victoire ni gloire.
En fin de compte, ce qui est frappant dans cette posture de Retailleau, c’est qu’il parvient à faire croire qu’il mène une bataille là où il n’y a qu’une mise en scène. La baïonnette pour l’apparence, le fusil pour l’effet sonore, et des balles à blanc qui ne laissent aucune trace. Il joue un rôle, et tout ce qui l’intéresse, c’est l’apparence de la fermeté. Mais à force de jouer ce jeu, il perd de vue une vérité simple : en politique, l’apparence ne suffit pas, et les balles à blanc n’ont jamais gagné une guerre.
«L’histoire se répète toujours deux fois : la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce.» (Karl Marx).
A. B.
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