Le MAK a fixé la date du 14 décembre comme jour de son enterrement définitif

Par Nabil D. – Le MAK a signé son arrêt de mort. L’annonce faite par son chef de file, Ferhat Mehenni, déclarant l’«indépendance de la Kabylie» ce 14 décembre, a provoqué une onde de choc au sein même de cette organisation classée terroriste en Algérie. L’appel, largement qualifié de farfelu, est une tentative désespérée de relancer une organisation en chute libre.

La véritable rupture est venue d’une sortie inattendue du leader du mouvement lui-même. Ferhat Mehenni vient, en effet, d’affirmer, contre toute attente, que le Maroc, pourtant soutien clé du MAK, est «une création coloniale française» dont le but est «d’écraser la République du Rif». Ce revirement spectaculaire est un signe de désaccord entre le mouvement et le Makhzen. Des observateurs avertis évoquent un lâchage du MAK par le régime marocain qui a constaté l’absence de toute influence de l’excentrique Ferhat Mehenni en Kabylie. Comment un mouvement déjà fragile pourrait-il survivre après avoir tiré à boulets rouges sur ceux qui lui assuraient soutien politique et logistique ?

Dans le même temps, des voix importantes de la scène artistique, très écoutées en Kabylie, sont sorties du silence. Rabah Asma, figure emblématique de la chanson kabyle, a fermement condamné toute initiative visant à diviser l’Algérie. Dans une déclaration largement relayée sur les réseaux sociaux, faite lors de son concert à Lille, dans le nord de la France, il a rappelé son attachement à l’unité nationale et mis en garde contre les discours extrémistes susceptibles de fragiliser le pays pour l’indépendance duquel d’innombrables martyrs sont tombés au champ d’honneur.

Oulahlou, autre artiste majeur connu pour ses prises de position souvent critiques à l’égard du pouvoir, a lui aussi rejeté la déclaration du MAK. Bien qu’indépendant dans ses engagements, le chanteur engagé a dénoncé une démarche dangereuse et irresponsable, conseillant à Ferhat Mehenni de s’inspirer plutôt de l’histoire de la France, «pays des Lumières», où il s’est réfugié.

Depuis des années, le MAK dérive. Mais cette fois, même ses plus fidèles sympathisants ont compris qu’ils étaient embarqués dans une aventure sans cap et sans légitimité, accusant Ferhat Mehenni d’avoir transformé un débat identitaire légitime en instrument politique au service d’agendas qui n’ont rien à voir avec les aspirations réelles des citoyens de la région.

«La Kabylie n’est pas une tête d’affiche politique, c’est une région profondément algérienne, fidèle à son histoire, à sa culture et à son rôle fondateur au sein de la nation», assurent les dissidents. «Le mouvement qui prétendait parler au nom de la Kabylie n’aura finalement réussi qu’une chose : démontrer à quel point la Kabylie refuse d’être divisée», ajoutent-ils.

A quelques jours de la date symbolique du 14 décembre, qui marquera l’enterrement du MAK, le mouvement apparaît plus isolé que jamais. Entre fractures internes, lâchage de son bailleur de fonds marocain et critiques provenant même du milieu culturel qui a longtemps nourri sa base militante, l’avenir du MAK est désormais scellé. Ni Israël, ni la France, ni le Maroc ne pourront sauver une organisation fondée sur l’imposture et la rapine.

N. D.