Affaire Khalifa : l’Algérie risque de perdre 80 millions d’euros
Un homme d’affaires russe s’apprête à racheter le domaine de Bagatelle, à Cannes, dans le sud de la France, d’une valeur de 80 millions d’euros. Ce bien avait été acquis par Rafik Khalifa, au faîte de sa puissance, en 2002, via la compagnie aérienne Khalifa Airways et un financement de la banque éponyme. Le domaine, qui compte trois villas et plusieurs jardins somptueux, avait été acheté pour 37 millions d’euros, mais Khalifa dut le céder à une banque suisse en attendant de pouvoir le racheter, croyant que la crise que traversait son groupe était passagère. Lorsque le tribunal commercial de Nanterre prononce la liquidation des filiales du Groupe en France, en 2004, la liquidatrice, Véronique Becheret, découvre que la banque suisse avait revendu le domaine à un homme d’affaires russe pour la somme de 30 millions d’euros, et ce, avant que le tribunal eût prononcé son arrêt. La liquidatrice réussit néanmoins à bloquer la transaction et à récupérer le bien en litige. Une guerre de procédures la mettra aux prises, depuis cette date, à ses homologues algériens. En 2007, Véronique Becheret, dont on dit qu’elle aurait des antécédents judiciaires, signe une promesse de vente à un autre homme d’affaires russe contre la modique somme de 21 millions d’euros, c’est-à-dire de 10 millions inférieurs à l’offre de son compatriote et de 60 millions par rapport à la valeur réelle du domaine. Non content de pouvoir s’adjuger un bien aussi prestigieux au cœur de Cannes à un prix aussi bas, le nouvel acquéreur exige que soit apurée la situation juridique de ce bien immobilier, avant de verser la totalité de la somme. Ce prix bas, qui plus est accompagné de conditions, soulève de grands doutes quant à la nature de cette transaction pour le moins étrange, selon les experts qui en veulent pour preuve une vente similaire pour un autre milliardaire russe contre la bagatelle – sans jeu de mots – de 370 millions d’euros. Les experts estiment que l’Etat algérien devra agir immédiatement pour ester la liquidatrice française, bloquer la vente dans ses dispositions actuelles avant qu’il soit trop tard et réclamer à la justice française qu’elle mette le domaine aux enchères de sorte à le vendre à sa valeur réelle et à pouvoir rembourser, avec les bénéfices de la vente, les détenteurs de comptes lésés auprès de Khalifa Bank et estimés à 250 000 en Algérie.
Sarah L.
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