Mezri Haddad écrit à l’employée d’Al Jazeera Khadidja Benguena
En déposant plainte contre moi, vous avez parfaitement raison, Madame, d’avoir confiance «dans la capacité de la justice française de rétablir les faits». La justice de la République française n’est pas celle de l’oligarchie wahhabite et obscurantiste dont vous êtes l’une des vitrines phosphorescentes ; une oligarchie féodale et mafieuse, qui condamne à perpétuité un poète libre, qui condamne à la flagellation de pauvres femmes de ménage importées du Bangladesh, parce qu’elles ont osé dénoncer leurs maîtres bédouins pour abus sexuels, qui condamne à la décapitation des ouvriers pakistanais parce qu’ils se sont soulevés contre leur condition d’esclave et qu’ils ont voulu retourner chez eux.
J’attends avec impatience l’ouverture de ce procès. Disposant de toutes les preuves matérielles qui étayent les propos que j’ai tenus lors de l’émission «Ce soir ou jamais», y compris le traçage informatique de la fameuse page Facebook «piratée», j’assume totalement la responsabilité de ce que j’ai déclaré le 5 février dernier. Depuis plus de dix années, nous allons enfin pouvoir parler publiquement du rôle abject qu’Al Jazeera joue dans la propagation du poison islamo-fasciste, pas seulement dans le monde arabe mais aussi en Europe. Par l’endoctrinement des téléspectateurs, particulièrement les jeunes Arabes ainsi que les musulmans de France, par la wahhabisation des esprits, par la manipulation de l’opinion internationale, par l’exacerbation des tensions entre les juifs, les chrétiens et les musulmans, par la banalisation du djihad et la diffusion de l’islamo-terrorisme partout dans le monde… Les terroristes, que vous autres «journalistes» d’Al Jazeera n’appelez jamais par leur nom mais par l’ignominieuse expression de «ceux qu’on appelle les terroristes» !
Nous allons aussi pouvoir parler des crimes, y compris contre l’humanité, de l’émirat bédouin dont vous servez la cause avec élégance et servilité. Les crimes commis en Tunisie, en Egypte et au Yémen par des snippers d’Europe de l’Est recrutés et payés par vos employeurs qataris. Des crimes commis en Libye et en Syrie par des mercenaires et des terroristes que l’émirat bédouin a gendarmés, armés et galvanisés. Des crimes commis par des hordes fanatisées, armées et financées par le Qatar, pas seulement au Mali mais partout en Afrique, contre des musulmans, des chrétiens et des animistes qui sont bien plus humains et civilisés que les bédouins dont vous cautionnez la cause et diffusez la propagande nauséabonde.
Dans votre interminable communiqué du 11 février, vous parlez du «philosophe» que je prétends être. Je n’ai pas fait mes études à Doha et je n’ai pas obtenu ce titre par une fatwa de votre gourou Youssef Qaradaoui, le cheikh de la fitna, de l’intégrisme, de l’hypocrisie et du mercantilisme. C’est la Sorbonne qui m’a consacrée Docteur en philosophie morale et politique, licencié en histoire et en sociologie, maître de conférences en théologie catholique. Voyez-vous, je suis nettement plus diplômé que votre avocassier et frère en secte, François Burgat.
J’ai constaté depuis hier l’affichage du drapeau algérien sur les pages Facebook qui vous soutiennent. Cette ultime manœuvre est habile, mais elle ne trompera pas les Algériens et les Franco-Algériens qui savent très bien que l’Etat-télévision du Qatar cherche à déstabiliser l’Algérie, comme il a détruit la Tunisie, la Libye et l’Egypte au profit de la canaille islamiste. Affichez plutôt le drapeau de l’émirat bédouin. Les Algériens savent que Mezri Haddad les a publiquement soutenus lorsque vos amis du FIS et du GIA tranchaient les gorges et massacraient les innocents, en attribuant leurs exactions au régime, exactement comme font leurs frères en barbarie aujourd’hui en Syrie. Ils savent qui a dénoncé l’imposture du «Qui tue qui en Algérie», dont François Burgat a été l’un des plus actifs promoteurs.
Sachez, Madame, que je n’ai rien de personnel contre vous. Vous travaillez malheureusement pour une pseudo-télévision dont l’opinion arabe et internationale a fini par découvrir les sombres desseins et les pratiques criminelles et honteuses. Partout dans le monde arabe, Al Jazeera a perdu toute crédibilité et son audience est en chute libre : fatwa de Qaradaoui appelant au soulèvement, faux témoignages, scènes montées de toutes pièces, couverture des «événements» de Benghazi avec des images de Basra, couverture des «événements» à Homs avec des images d’archive sur Baghdad, trucages, désinformation… Une propagande digne de Goebbels, dont le chef d’orchestre a été le frère musulman Waddah Khanfar et le commanditaire, Hamad Ibn Jassim Al-Thani, l’esclave d’Hillary Clinton et l’ami intime de Tzipi Livni et de Shimon Perez. On peut mentir quelque fois à quelques-uns mais on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde. Les Egyptiens ont retrouvé leur esprit après avoir subi le matraquage d’Al Jazeera et ils ne se laisseront pas gouverner par les Frères musulmans. Les Tunisiens ont compris dès octobre 2011 et ils ne permettront pas aux mercenaires du Qatar d’imposer leur idéologie rétrograde au pays d’Ibn Khaldoun, d’Ibn Rachik, de Tahar Haddad et de Habib Bourguiba.
Non, je n’ai rien de personnel contre vous. C’est contre l’oligarchie bédouine et wahhabite qui vous abrite et vous récompense que je mène le combat. Le combat des lumières contre l’obscurantisme, de l’humanisme contre le fascisme vert, du progrès contre la réaction, de l’islam contre l’islamisme, de la liberté contre le totalitarisme, de la modernité contre l’ignorance, de l’honneur arabe contre le néocolonialisme. J’espérais vous voir suivre l’exemple de vos collègues qui ont quitté Al Jazeera parce qu’ils ont compris que cette chaîne subversive travaillait au morcellement du monde arabo-musulman conformément à un agenda impérialiste dont l’émirat bédouin n’est que le vil sous-traitant et Al Jazeera, la sinistre boîte de marketing et de communication. J’espérais vous voir suivre l’exemple de Louna Al-Chabi, d’Eman Ayad, d’Aksam Suleyman, de Sami Haddad et de mon compatriote Ghassan Ben Jeddou, dont cette phrase devrait vous interpeller, mieux vaut tard que jamais : «J’ai peut-être perdu Al Jazeera, mais j’ai gagné ma dignité.»
Il faudrait plus d’un procès suscité par l’émirat bédouin pour m’intimider ou me faire renoncer à démasquer, en France et partout dans le monde, les menées subversives et terroristes de votre patrie d’adoption, le Qatar, et de votre officine d’exécution, Al Jazeera. Vos employeurs vont devoir employer d’autres moyens ! Je sais qu’ils en sont capables, mais cela n’effraye point l’homme de foi que je suis, encore moins le Tunisien et l’Arabe qui n’acceptera jamais l’hégémonisme qatari sur la Tunisie, la Libye et l’Egypte. Je prie seulement l’Unique qu’Il me prête vie jusqu’au jour où j’assisterai à la disparition de la marée noire du pétro-wahhabisme de toute la Méditerranée, d’Alger jusqu’à Damas.
Mezri Haddad, le 12 février 2013
Philosophe et ancien ambassadeur à l’Unesco
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