Attentat contre Charlie Hebdo : la position ambiguë de la France dans la lutte antiterroriste

L’attaque meurtrière contre le journal satirique Charlie Hebdo remet sur la table la question de la lutte contre le terrorisme. Partenaire de l’Algérie engagée dans la lutte implacable contre le terrorisme et le fanatisme religieux, la France entretient, étonnamment, une position très ambiguë sur cette question. Sur le plan discursif, les dirigeants politiques réaffirment, à chaque occasion, leur engagement à combattre le terrorisme sous toutes ses formes. Sur le terrain, en revanche, les choses se passent autrement. Malgré l’insistance de ses partenaires, dont l’Algérie résolument opposée au paiement des rançons, la France continue de payer en contrepartie de la libération de ses citoyens pris en otage dans le monde. Pour la libération de son dernier otage au monde, Serge Lazarevic, en décembre dernier, la France a encore payé. Et c’est l’otage libéré lui-même qu’il l’a affirmé. Le président Hollande va-t-il mettre un terme à cette pratique répréhensible en ce sens qu’elle encourage les prises d’otages et assure des ressources financières nécessaires aux groupes terroristes pour s’armer encore et recruter de nouveaux mercenaires ? Tous les experts en lutte antiterroriste le disent : il faut assécher les sources de financements des groupes terroristes. La France va-t-elle entendre raison et rejoindre le front contre le paiement de rançons composé, entre autres, de l’Algérie, des Etats-Unis, de la Russie et de la Grande-Bretagne ? Toujours en matière de lutte contre le terrorisme, la France a humainement et matériellement contribué à la formation des groupes terroristes au nord de la Syrie dans le but de renverser le régime de Bachar Al-Assad. On trouve bien dans ces groupes terroristes, désormais affichés à la nouvelle internationale terroriste appelée Daech, des Français dont le déplacement en Syrie a été encouragé par l’Etat français. Le président François Hollande lui-même a reconnu récemment que la France a bien armé les «groupes rebelles» qui combattent le régime syrien. La même opération a été effectuée en Libye. En encourageant des milices armées à combattre le régime d’El Kadhafi avant de bombarder le pays, la France a semé le chaos dans ce pays frontalier de l’Algérie, qui se transforme au fil du temps en un véritable sanctuaire du terrorisme international. Au Sahel, la situation n’est pas moins préoccupante avec la résurgence de groupes terroristes qui commettent des attentats par intermittence. Ces groupes, qui ont pu renflouer leurs caisses grâce à l’argent des rançons payées par la France via ses multinationales et, par ricochet, acquérir de nouvelles armes plus redoutables comme celles utilisées contre le site gazier de Tiguentourine en 2013, deviennent une menace non seulement pour les pays du Sahel, mais aussi pour l’Algérie et les pays du nord de la Méditerranée, dont la France. La lutte contre le terrorisme nécessite un engagement plus franc des pays occidentaux et de la France en particulier, en ce sens qu’elle est fortement implantée en Afrique du Nord et au Sahel. Les dirigeants français vont-ils réviser leur position et abandonner toutes les pratiques susceptibles d’encourager le terrorisme ? On le saura bientôt. L’abominable massacre perpétré au journal Charlie Hebdo va-t-il pousser les dirigeants politiques et militaires français à revoir leur politique en matière de lutte antiterroriste pour une meilleure coopération régionale et internationale ?
Rafik Meddour
 

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