L’indignation d’un urbaniste : Constantine «bidonvillisée»
En tant qu'urbaniste depuis 1965 et ayant suivi l'évolution des villes nouvelles en Europe (Angleterre, France), je m'étais opposé devant les autorités de Constantine à la manière dont avait été décidé d'occuper le site de la ville nouvelle Ali-Mendjelli. Au départ, vers 1997, c'était juste pour y faire un lotissement. Le site ne s'y prêtait pas, le terrain étant rocheux. J'avais alors expliqué au directeur de l'AADL régional de l'époque et aux responsables de l'APC, de la DUCH et de la wilaya qu'une ville nouvelle ne consistait pas en l’implantation des logements, mais que c'est tout un processus complexe où interviennent le politique, les administrations concernées et les données socioéconomiques pour la faisabilité. On ne décide pas d'une ville nouvelle, on la justifie, on la mature, on communique et on associe les associations, les sociologues, les juristes et les aménageurs. On crée un établissement de gestion ad hoc. Tout cela prend trois à cinq ans. Alors que la décision a été prise en 5 minutes par une autorité dont je tais le nom et un béni-oui-oui inculte qui a exécuté les ordres (il n'avait même pas le CEP et il était directeur d'un projet qui le dépassait). Aucun architecte de Constantine ou urbaniste n'avait été associé. Ils n'étaient même pas au courant de ce qui se tramait autant pour ce projet de ville nouvelle que pour la Souika dans la vieille ville, alors que ce sont eux les premiers concernés. Les tractations se faisaient la nuit dans la vieille ville pour l'accaparement des vieilles bâtisses. Les grandes fortunes achetaient maisons et terrains.
A l'époque, j'avais fait des conférences à Constantine pour dénoncer ce qui se tramait, en expliquant ce qui allait se faire et les catastrophes à venir. Avec la crise de logement, la faiblesse de la gestion de la ville de Constantine d'alors et, de surcroît, la pression des populations péri-urbaines, en plus de la population rurale déferlante qui espérait des terrains et des logements, c'était la grande pression et la désorganisation de la gestion de la ville. J'ai fait apparaître les trafics en tous genres. Le résultat est ce qu'est aujourd'hui Ali-Mendjeli : incompétence, corruption, violences, peur et bientôt un chamboulement total et d'Ali-Mendjeli et de Constantine.
Abderrahmane Zakad