Robert Ménard débaptise la rue du 19-Mars-1962 à Béziers et ravive la nostalgie de l’Algérie française
Robert Ménard, le maire d’extrême droite de la ville de Béziers (Hérault) en France, remet au goût du jour la nostalgie de l'Algérie française, en débaptisant la rue du 19-Mars-1962, date des accords d'Evian, pour la renommer du nom d’un partisan de l'Algérie française, Hélie Denoix de Saint Marc, qui fut l'un des quatre militaires ayant fomenté le putsch d’Alger en 1961 contre le général De Gaule. Robert Ménard a laissé, lors de la cérémonie organisée ce samedi, libre cours à sa haine de l’Algérie lors d’un discours qui fut, selon la presse française, «à la fois applaudi» par ses partisans et hué par des centaines de personnes venues crier leur indignation devant un tel acte. Robert Ménard, qui avait annoncé sa décision, en décembre dernier, a fait aujourd’hui dans la provocation abjecte en déclarant «l'Algérie, c'est notre paradis (…). Demandez à nos compatriotes ce que furent les jours après le 19 mars», a lancé le maire de Béziers devant environ 2 000 personnes dont 500 opposants. Certains ont lancé des : «Ménard facho, Ménard assassin…» «Non, je ne veux plus que nous soyons dans la repentance, je veux dire notre vérité à ceux qui armaient le bras des assassins des harkis, aux bourreaux qui nourrissent encore une haine de la France. (…) Pour nos frères musulmans, il ne faut pas occulter la réalité de notre histoire, Hélie de Saint-Marc était de ceux qui pouvaient mourir pour des idées, pour eux», a encore déclaré l'élu, qui a achevé son discours, selon ce qu’écrit le journal français Le Monde, sous les acclamations de ses partisans, qui scandaient «Algérie française». Ils ont ensuite entonné Le Chant des Africains, un chant militaire repris pendant la guerre d'Algérie par les pieds-noirs et les partisans de l'Algérie française. La décision du maire a suscité l'opposition de plusieurs associations et syndicats. Dans une pétition en ligne qui a recueilli plus de 3 000 signatures, ils appellent à dire «non au colonialisme, révisionniste et raciste». Il est à savoir, par ailleurs, selon les comptes rendus de la presse française, qu’avant cet énième acte de provocation de la part de Robert Ménard, d’autres élus français ont procédé de la même manière. Ainsi Serge Dassault, à Corbeil-Essonnes (Essonne) ou Patrick Devedjian, à Antony (Hauts-de-Seine), ont, eux aussi, débaptisé des rues du 19-Mars-1962. A Nice, Christian Estrosi se refuse toujours d’organiser une cérémonie officielle, le 19 mars, pour marquer le cessez-le-feu en Algérie.
Meriem Sassi