Rebondissements au FLN : 118 députés écrivent au président Bouteflika et menacent

La crise au FLN qui s’accentue de jour en jour a poussé des députés du parti à interpeller le chef de l’Etat pour qu’il intervienne en sa qualité de président d’honneur. Dans un communiqué adressé à notre rédaction, 118 députés dénoncent les «dérives» et les «atteintes» au règlement intérieur, dont l’article 54, et aux statuts, dont l’article 34. «Après une longue réflexion et une large concertation sur la situation qui règne au sein du parti, divisé, déchiré et complètement disloqué, et en application de l’article 33 des statuts du parti et en notre qualité de militants élus par le peuple, nous sommes tenus de défendre le parti et nous dresser contre les dérapages de la direction actuelle qui enfreint toutes les règles de gestion et transgresse les statuts et le règlement intérieur», précisent les signataires du communiqué, selon lesquels la situation a atteint un seuil insupportable. Parmi les griefs retenus contre Amar Saïdani, en sa qualité de secrétaire général contesté du FLN, il y a la déstructuration des instances dirigeantes locales à travers leur multiplication illégale, l’atteinte aux assemblées élues dont l’APN, la confiscation de la volonté de la base et la cooptation de responsables à la tête de structures de transition non légitimes. Les signataires demandent ainsi au chef de l’Etat d’agir afin de sauver le parti, qui va à sa perte. Ils dénoncent, dans ce sillage, «l’opacité dans laquelle se prépare le 10e congrès et les pratiques autoritaires, hasardeuses et les décisions irréfléchies que prend la direction nationale en totale contradiction avec les principes de la démocratie et aux traditions du parti. Des pratiques qui hypothèquent l’avenir du parti et du pays», précisent ces députés frondeurs qui relèvent l’absence de vision politique claire et la pauvreté intellectuelle de la direction actuelle qui ne fait nullement la différence par des propositions qu’on ne trouve pas ailleurs, dans d’autres partis politiques. Ils soulignent aussi la pauvreté du discours politique du secrétaire général controversé qui n’est pas du niveau des valeurs du parti ni de sa culture politique consacrées dans la déclaration du 1er Novembre. Ils disent refuser de rester les bras croisés face à cette situation inédite que vit le FLN et d’abdiquer à la volonté d’un dirigeant qui manque de légitimité. Pour eux, il n’est pas question d’accepter des «décisions individuelles» prises selon l’humeur du «chef». Outre la demande d’intervention du président Bouteflika pour redresser le parti, les signataires de cette déclaration, dont le vice-président de l'APN, Mouâd Bouchareb, et les députés Remili et Nouri de Bouira, appellent les membres du comité central à un «sursaut» patriotique pour sauver le FLN. Ils leur demandent de dépasser les «égoïsmes» et de cesser les luttes de «leadership» pour mettre en pratique le dialogue politique constructif afin de régler la crise qui mine le FLN particulièrement ces deux dernières années. Les députés soutiennent, également, les démarches entreprises pour obtenir le nombre de signatures nécessaires pour convoquer une session extraordinaire du comité central. Ils menacent par la même de ne plus reconnaître l’autorité de la direction actuelle qui «ne respecte pas la volonté de ses militants, ni les statuts du parti, ni les engagements». Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par l'annonce du retour en politique de l'ex-secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem. La défection de ces députés risque ainsi de faire perdre au FLN sa force au sein de l'APN dont il détient pour le moment la majorité avec quelque 220 députés.
Rafik Meddour
 

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