Loi de finances : les députés critiquent «le recours aux solutions de facilité»
Des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont critiqué le recours aux «solutions de facilité» dans la gestion de la crise financière et économique, à travers les taxes supplémentaires prévues dans le projet de loi de finances 2017, appelant à la libération de l’économie des entraves bureaucratiques et de la corruption. Lors de la séance de débat qui a suivi la présentation du projet de loi par le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, présidée par Mohamed Larbi Ould-Khelifa, président de l’APN, en présence des membres du gouvernement, des députés ont décrié les mesures prévues dans le projet de loi de finances. D’autres ont, par ailleurs, exprimé leur soutien appelant à la contribution de tous pour surmonter la crise que vit le pays. Mourad Senani, du Parti des travailleurs (PT), a estimé que le gouvernement a eu recours à des «solutions de facilité qui touchent le pouvoir d’achat du citoyen, une politique qui a commencé avec la loi de finances 2015 et se poursuit en 2017 par la création de nombreuses taxes imposées, notamment aux produits énergétiques». Ceci se répercutera négativement, a-t-il affirmé, sur les produits agricoles et les moyens de transport. Il y a également la taxe sur la valeur ajoutée qui est passée de 17% à 19%, a-t-il ajouté.
Nadia Yefsah, de la même formation politique, considère qu’il y a d’autres solutions possibles au lieu de ces mesures d’austérité qui interviennent pour saper tous les efforts déployés par l’Etat durant les dernières années. «En dépit de la crise mondiale et le recul du prix du brut, il n’en demeure pas moins qu’il y a des solutions possibles et il n’est pas trop tard pour revenir en arrière», a-t-elle souligné. La députée a ajouté qu’au lieu de recourir à des «solutions de facilité», il est important de réunir la volonté politique pour le recouvrement des impôts et des droits douaniers. Le député Mansour Abdelaziz a soutenu que le gouvernement doit s’orienter vers «l’économie numérique pour consacrer la transparence et éradiquer la bureaucratie et le marché parallèle». Il a estimé que la crise que traverse actuellement l’Algérie n’était pas seulement due à la chute des prix du pétrole, mais également aux «politiques erronées adoptées et à la mauvaise gestion», ainsi qu’à l’absence d’évaluation des mesures prises par le passé au profit de l’économie».
Le député Rahou Missoum a qualifié les mesures contenues dans le projet de loi de «solutions d’apaisement conjoncturelles» qui traduisent l’absence d’une vision claire relative à la diversification de l’économie nationale, critiquant l’orientation du gouvernement «durant l’aisance financière vers l’investissement dans l’infrastructure au détriment de la diversification de l’économie». Mohamed Chenouf (RND) a salué, de son côté, les dispositions prévues par le projet de loi, en particulier en ce qui concerne le maintien du soutien de l’Etat aux catégories vulnérables, notamment la gratuité de l’enseignement et des soins. Il a insisté sur la nécessité de «trouver des solutions pour récupérer les fonds importants qui circulent sur le marché parallèle». La députée Samira Kerkouche, du FLN, a appelé, pour sa part, à la conjugaison des efforts en vue de sortir le pays de la crise, proposant une stratégie nationale de développement en vue de se mettre en harmonie avec le nouveau modèle économique. Mme Kerkouche a salué la décision du gouvernement relative au recouvrement fiscal et la mise en place d’un fichier national destiné aux faibles et moyens revenus, ainsi que la préservation de la politique de soutien.
Le député Omar Boulifane, du RND, a estimé que l’année 2017 sera une année de «planification et de sagesse», appelant à «communiquer avec les citoyens en toute sincérité et sérénité». Il a appelé le ministre des Finances à équiper et à moderniser les services chargés du recouvrement des impôts en vue de leur permettre de mener au mieux leurs missions. Le même député a affirmé qu’il convenait de mettre en place des mécanismes pour que les transferts sociaux arrivent à leurs destinataires.
Outre le débat sur les mesures prévues par le projet de loi, les députés ont évoqué les questions et les problèmes locaux concernant notamment le gel des projets importants pour les citoyens, comme les hôpitaux et les routes, en raison de la réduction des dépenses publiques à laquelle a eu recours le gouvernement. Le débat a repris ce mardi avant la réponse jeudi prochain du ministre des Finances aux préoccupations des députés.
R. N.
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