Comment le Maroc a tendu un traquenard aux présidents africains à Marrakech
Le roi du Maroc cherche à tout prix à créer une fissure au sein de l’Union africaine. Profitant de la présence de nombreux dirigeants africains à Marrakech où se déroule la COP22, il n’a rien trouvé de mieux à faire que d’improviser, ce matin, un sommet de chefs d’Etat et de gouvernement africains. Officiellement, il s’agissait de parler écologie et de développement durable. En coulisses, tout le monde a vite compris néanmoins que le Maroc cherchait surtout à s’assurer des soutiens dans le but d’adhérer à l’Union africaine.
Pour réussir ce stratagème, des sources ont confié à Algeriepatriotique que la diplomatie marocaine s’est démenée ces derniers jours comme pas possible pour réunir un maximum de chefs d’Etat. Au final, ils n’étaient qu’une petite vingtaine de chefs d’Etat à avoir répondu favorablement à l’invitation de Mohammed VI. Le Sénégal, le Gabon et le Congo-Brazzaville étaient les premiers à soutenir la démarche. Ce n’est pas une surprise car ces pays sont connus pour être les fidèles alliés de la monarchie marocaine. En revanche, les grandes puissances du continent ont eu l’intelligence de ne pas tomber dans le traquenard marocain. Ce qui, d’ailleurs, a failli provoquer une syncope à Mohammed VI.
Ce énième affront montre que le Maroc est loin d’être en terrain conquis en Afrique, ainsi que le laissent croire les médias proches du Makhzen. Mieux, la tournée effectuée dernièrement par Mohammed VI en Afrique de l’Est pour promouvoir la candidature de son pays visant à intégrer l’Union africaine a été un vrai flop dans la mesure où les pays visités ne se sont, certes, pas opposés à une adhésion du Maroc à l’UA mais n’ont pas voulu, non plus, remettre en cause leur soutien au Front Polisario.
Après son périple au Rwanda et en Tanzanie, le roi du Maroc fait un discours à Dakar et organise chez lui une conférence internationale sur le climat. Tout cela fait partie d’une vaste campagne de propagande dont le but est de restaurer son image de marque, gravement altérée depuis son occupation du Sahara Occidental et son refus de se plier aux décisions de la Communauté internationale. Et le fait que ce faisceau de faits ait lieu le jour même de la célébration de la «Marche Verte», c’est-à-dire la célébration de l’annexion d’un territoire, cela n’a évidemment rien d’une coïncidence. C’est la preuve, au contraire, qu’il s’agit d’une énième manœuvre du roi pour tenter d’induire en erreur les opinions et de consacrer le fait accompli colonial. Et cela, la majorité des pays africains l’ont compris.
Khider Cherif
Comment (61)