L’argent qui a servi aux attentats de Paris et Bruxelles venait de Grande-Bretagne
Les terroristes impliqués dans les attaques meurtrières de Paris et Bruxelles ont utilisé les indemnités britanniques pour financer le terrorisme international. Mohamed Abrini, devenu «l’homme au chapeau» à la suite de l’attaque meurtrière de l’aéroport de Bruxelles en mars 2016, a reçu 3 000 livres sterlings de la part de deux hommes dans un parc de la ville de Birmingham, avant d’embarquer sur un vol à destination de Paris en provenance de l’aéroport international de cette ville située au centre de l’Angleterre. C’est ce qu’on a appris ce jeudi à l’ouverture du procès, à Londres, du Belgo-Marocain Zakaria Boufassil, 26 ans, qui est accusé d’avoir remis l’argent à Mohamed Abrini et qui a réfuté les accusations de son implication dans la préparation et le financement d’attaques terroristes, alors que son complice, le Britannique Mohammed Ali Ahmed, a, lui, plaidé coupable pour les mêmes chefs d’accusation.
Selon plusieurs titres de la presse britannique, Abrini, arrêté le 9 avril et inculpé, est également soupçonné d’être le logisticien des attaques de Paris et de Saint-Denis qui ont fait 130 morts le 13 novembre 2015. Mohammed Ali Ahmed et Zakaria Boufassil ont, eux, été inculpés le 29 avril dernier au Royaume-Uni pour avoir remis 3 000 livres à Abrini. Selon les relevés téléphoniques obtenus par les enquêteurs de la brigade antiterroriste de Scotland Yard, les trois hommes se trouvaient au même moment dans un parc à Birmingham, au centre de l’Angleterre, le 11 juillet 2015.
Le procureur Max Hill a clairement laissé entendre, lors de l’ouverture de ce procès, qu’«il n’y a aucun doute que cet argent a été remis avec l’intention de financer des actes terroristes», soulignant qu’Abrini, lorsqu’il a été interrogé par les enquêteurs belges, a expressément désigné Ahmed comme celui qui l’a guidé vers le point de rendez-vous et Boufassil comme celui qui lui a remis l’argent. Mohamed Abrini a également dit aux enquêteurs belges que, lors d’un séjour en Syrie, le nommé Abaaoud – la justice britannique interdit de donner davantage de détails sur l’identité de celui-ci – lui a demandé de collecter de l’argent au Royaume-Uni et lui a donné plusieurs numéros de téléphone. Abrini s’est rendu à Birmingham au lendemain de son arrivée à Londres. Sur place, il s’est rendu deux fois dans le parc, sans y trouver personne. La troisième fois, Ahmed et Boufassil, qui voulaient d’abord s’assurer qu’il n’était pas une «taupe», l’attendaient pour le conduire dans une forêt et lui remettre l’argent, a détaillé le procureur.
Ces révélations ont surtout permis de lever le voile sur les ramifications de ces réseaux terroristes opérant partout en Europe dans le cadre d’une stratégie élaborée par la mouvance djihadiste internationale pour semer la terreur dans les quatre coins du globe. Londres reste la plaque tournante de cette mouvance sur le plan logistique, mais aussi un centre de propagande du djihadisme à travers notamment les médias acquis à cette idéologie qui diffusent à partir de la capitale britannique. Certains prônent ouvertement le recours à la violence dans l’action politique et survivent grâce aux fonds émanant du richissime émirat du Qatar, avec en toile de fond la déstabilisation des pays dans la région du monde arabe qui ont choisi la modernité comme modèle politique.
La Grande-Bretagne a toujours servi de lieu de prédilection pour les terroristes du GIA dans les années 1990. Des collectes d’argent se faisaient au su et au vu des autorités britanniques au profit des groupes terroristes qui massacraient les populations civiles en Algérie. La complicité de Londres dans le financement et la propagation du terrorisme islamiste n’a jamais été démentie. Cette nouvelle affaire ne fait que la confirmer.
De Londres, Boudjemaa Selimia
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