Israël et le «croissant fertile»
Par R. Mahmoudi – Il y a bien longtemps que la question palestinienne ne constitue plus une priorité pour les Arabes ; ni dans leurs médias ni dans les débats au sein de la Ligue des Etats arabes. Depuis, en effet, l’éclatement des guerres et la montée du terrorisme dans les pays de la région, en 2011, le conflit israélo-palestinien est réduit à un simple litige entre deux pays voisins, arbitré par un Quartette qui ne se réunit d’ailleurs presque plus. Il est vrai aussi que le gouvernement israélien fait tout pour que les négociations de paix n’aillent pas plus loin (la solution dite des «deux Etats» est pourtant officiellement entérinée et adoubé par le parrain américain) et que leurs interlocuteurs ne trouvent plus aucun appui de l’extérieur. Or, depuis quelques jours, les Palestiniens sont à un nouveau tournant dans leur histoire. Le spectre d’une dislocation interne plane à nouveau, avec l’annonce-surprise, faite hier par Mahmoud Abbas, de la démission du gouvernement dit d’union nationale, après l’échec de la réconciliation entre les deux mouvements rivaux, le Fatah et le Hamas. Cela se passe à un moment où ce dernier négocie une trêve avec Tel-Aviv et se pose donc comme seul interlocuteur du conflit. Cette situation risque non seulement de justifier une éventuelle escalade militaire contre les Palestiniens, qui aura comme conséquence de suspendre le processus de paix, mais surtout de précipiter la résistance palestinienne dans une nouvelle guerre fratricide, similaire à celle qui avait irrémédiablement coupé Ghaza du reste des territoires occupés et d’en faire ainsi un nouvel Etat-failli dans la région. Cela ne peut servir que les intérêts des organisations salafistes et takfiristes qui pullulent dans toute la région du Proche-Orient et du Moyen-Orient, et qui guettent la moindre brèche pour s’y engouffrer. C’est, d’ailleurs, leur rêve de former une sorte de «croissant fertile», allant de l’Irak à la Palestine en passant par la Syrie, pour étendre leur Etat. Israël est là pour les aider à y parvenir.
R. M.
Comment (12)
Les commentaires sont fermés.