Nigeria : qui veut réactiver le conflit au Biafra ?

Biafra
Le le leader du mouvement séparatiste du Biafra, Nnamdi Kanu. D. R.

Des partisans de l’indépendance du Biafra se sont affrontés hier avec l’armée nigériane dans le sud-est du pays, affirmant que cinq d’entre eux avaient été tués, ce que l’armée a immédiatement démenti. Dans un communiqué, le mouvement séparatiste pour les peuples indigènes du Biafra (Ipob) a assuré que l’armée et la police avaient ouvert le feu lors d’une opération destinée à tuer le leader du mouvement, Nnamdi Kanu, à son domicile à Umuahia, faisant cinq morts dans ses rangs.

L’Ipob réclame un Etat séparé du Nigeria pour les Igbos, le groupe ethnique le plus nombreux du sud-est du Nigeria, 50 ans après la déclaration d’indépendance du Biafra qui avait déclenché une sanglante guerre civile de 30 mois, de 1967 à 1970. De nombreux observateurs soutiennent que cette guerre civile a été très encouragée financièrement et militairement par des compagnies pétrolières rivales qui avaient des visées sur le pétrole nigérian.

Le porte-parole de l’Ipob, Emma Powerful, a affirmé que 30 personnes avaient aussi été blessées. Ifeanyi Ejiofor, l’avocat du jeune leader indépendantiste, en a rendu responsable le président nigérian Muhammadu Buhari.

Nnamdi Kanu – qui prône la «désobéissance civile» pour obtenir un referendum d’autodétermination – est en liberté sous caution depuis fin avril, en attendant la reprise de son procès pour trahison dans la capitale, Abuja.

Le porte-parole de l’armée, le major Oyegoke Gbadamosi, a qualifié de «fiction» les affirmations de l’Ipob, ajoutant qu’elles étaient «loin de la vérité». Selon lui, des militants de l’Ipob ont bloqué un convoi militaire avant de jeter des pierres et des bouteilles cassées sur les soldats, blessant l’un d’entre eux et un passant. «Les troupes ont procédé à des tirs de sommation en l’air et les voyous se sont dispersés. Personne n’a été tué», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Aucune vérification indépendante n’était possible dans l’immédiat. Amnesty International estime que les forces de sécurité ont tué au moins 150 partisans de l’indépendance du Biafra depuis août 2015 et en ont blessé des centaines d’autres, ce qu’Abuja nie en bloc.

R. I.

 

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