Par A. Boumezrag – «Moi, j’ai les mains sales. Pensez‑vous qu’on puisse gouverner avec des mains propres ?» (Jean‑Paul Sartre). De Gaulle disait que «la France ne peut être la France sans grandeur». Depuis 1958, la Ve République a usé de cette «grandeur» comme d’un miroir aux alouettes, où les mains du pouvoir alternent entre pureté affichée et salissures occultes. Mais qui tire vraiment les ficelles derrière les ors de l’Elysée ? De De Gaulle à Macron, le leadership français oscille entre majesté présidentielle et pantomime démocratique, entre stratégie globale et petites manœuvres de cour.
La Ve République naît sur les cendres de l’instabilité de la Quatrième. Charles de Gaulle, en architecte visionnaire ou en monarque constitutionnel, installe un exécutif fort dans une France épuisée par la guerre d’Algérie et les guerres coloniales. Sous sa main ferme, le Président devient le capitaine d’un navire qu’il pilote selon une logique quasi militaire : grandeur nationale, indépendance stratégique, prestige international. Mais déjà, derrière les discours solennels, la main invisible des bureaucrates et des réseaux gaullistes commence à faire son œuvre. La grandeur a un prix : celui du contrôle serré et du culte du chef.
Viennent ensuite les successeurs, parfois submergés par l’institution qu’ils héritent. Pompidou, l’ancien industriel devenu Président, incarne la technocratie et la continuité économique. Il modernise la France, la connecte aux marchés mondiaux, mais son leadership reste suspendu à l’ombre du général. Giscard d’Estaing, plus libéral, tente de moderniser les mœurs et l’économie, mais sa politique, souvent déconnectée des attentes populaires, révèle les limites de la présidentialisation : le président peut vouloir gouverner, mais il est toujours captif de l’architecture complexe des institutions et des forces économiques.
Mitterrand, quant à lui, transforme le leadership en art du compromis et de la manipulation subtile. Deux septennats de maîtrise et d’intrigues révèlent que le pouvoir réel ne se limite pas aux décisions affichées : ministres, partis, administrations et réseaux médiatiques deviennent autant d’armes pour gouverner sans gouverner pleinement. La main visible du Président masque souvent une orchestration invisible, où alliances et trahisons façonnent la politique. L’histoire retiendra ses grands discours et ses grandes réformes mais, derrière, la réalité du pouvoir demeure un mélange de calcul stratégique et de pragmatisme cynique.
Jacques Chirac inaugure l’ère du leadership en forme de compromis permanent. Entre cohabitations et crises sociales, il apprend que gouverner la France implique non seulement de tenir la main sur l’Etat, mais aussi de négocier avec un paysage politique atomisé et un électorat volatil. Le Président devient médiateur, mais aussi marionnettiste : il doit à la fois donner l’illusion de maîtrise et accepter de laisser courir les intérêts sectoriels, des lobbys aux grandes entreprises.
Avec Sarkozy et Hollande, le leadership devient spectacle. Sarkozy incarne l’énergie et le volontarisme, mais révèle combien le Président est soumis aux forces du marché, des médias et de la finance globale. Hollande, lui, prouve qu’un Président peut être impuissant face aux événements économiques et géopolitiques : la présidence est moins un lieu de pouvoir absolu qu’un plateau de théâtre où l’on improvise sous les projecteurs.
Puis arrive Macron, produit de la technocratie, de la finance et des réseaux mondialisés. Sa présidence, hybride entre pragmatisme et théâtralisation médiatique, illustre une vérité simple : gouverner la France aujourd’hui ne se limite plus à la souveraineté nationale ou à la grandeur gaullienne. Il faut composer avec l’Europe, le marché global, les tensions géopolitiques et les flux migratoires. Le Président est désormais un chef d’orchestre d’intérêts souvent invisibles, jonglant entre l’ombre des élites économiques et la lumière des discours inspirants.
Géographiquement et géopolitiquement, la France reste un acteur de poids, mais son leadership stratégique est contraint par la dépendance énergétique, la dette publique, et la nécessité de jouer un rôle crédible dans un monde multipolaire. De Gaulle rêvait d’une France indépendante et forte ; Macron doit composer avec un monde où la France est influente mais jamais pleinement souveraine. La géostratégie devient alors un exercice d’équilibriste : faire croire à l’autonomie tout en naviguant dans des alliances complexes, de l’OTAN à l’UE, du Sahel à l’Indo-Pacifique.
Ainsi, de De Gaulle à Macron, la France navigue entre mains propres et mains sales. Le Président, censé être le maître du jeu, n’est souvent qu’un joueur parmi d’autres dans un échiquier où bureaucrates, médias, lobbies et marchés dictent la cadence. La grandeur affichée masque la modestie des résultats ; les discours présidentiels sont autant de fumées que le peuple admire avec ferveur, entre cynisme et résignation.
Alors, à quoi ressemblera le leadership français de demain ? La Ve République continue de jongler avec ses institutions, mais la vraie question n’est plus seulement qui gouverne, mais comment gouverner efficacement dans un monde où le nationalisme se heurte à la mondialisation et où la souveraineté est à la fois politique, économique et numérique. Peut-être que demain, la France cessera de se regarder dans le miroir de la grandeur et commencera à regarder le monde tel qu’il est, une leçon que De Gaulle aurait approuvée… à sa manière.
A. B.
Si emmanuel macron est arrivé à conquérir l’Élysée, ça veut dire que c’est le monde de la finance qui gouverne actuellement la france.
L’🇩🇿bashing est un des drivers de la politique intérieure 🇫🇷.
Le lobby juif gouverne la 🇫🇷, son entrisme dans les institutions ne sont plus une vue de l’esprit depuis le 07/10 (en plus de la finance et du Business) aidé par les porteurs d’eau comme le lobby 🇲🇦, les nostalgiques de l’🇩🇿🇫🇷 ,..
L’🇩🇿 est vue par la 🇫🇷 comme une variable d’ajustement économique pour déverser son surplus alors que le 🇮🇲 un pays où il faut investir.
D’où la nécessité de se détacher de la 🇫🇷, de rester non aligné, de développer son économie, son Soft power, son strategic hedging, de capitaliser sur sa diaspora et de fixer ses cerveaux/sa jeunesse au pays en leurs offrant un cadre et un niveau de vie honorable,….