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Comment la visite du Marocain Akhannouch à Madrid a tourné à l’humiliation diplomatique

Par Abdelkader S. – La visite du Premier ministre marocain Aziz Akhannouch à Madrid, censée consolider la coopération bilatérale et préparer les engagements liés à la Coupe du monde 2030, s’est transformée en épisode révélateur des échecs diplomatiques successifs du régime marocain sur la scène ibérique. L’accueil réservé à Akhannouch a été particulièrement discret, la majorité des ministres du gouvernement espagnol ayant choisi de boycotter les rencontres officielles, réduisant le programme à un strict protocole minimal. Un geste inhabituel pour un responsable gouvernemental d’un pays voisin, et surtout un signal de malaise politique.

Au sein même de la coalition gouvernementale espagnole, la décision du Premier ministre Pedro Sanchez de soutenir unilatéralement le plan d’autonomie marocain pour le Sahara Occidental continue de susciter de vives oppositions. Pour de nombreux partis espagnols, y compris au sein du pouvoir, cette position représente une concession excessive au Makhzen. Le boycott ministériel de la visite d’Akhannouch est une manière claire de rappeler leur rejet de cette orientation diplomatique et de marquer une distance nette vis-à-vis du régime de Rabat.

Le chef du gouvernement marocain avait pourtant l’objectif d’obtenir de Madrid un soutien plus explicite à l’égard des préparatifs du Mondial 2030, dont il admet implicitement que son pays est incapable de tenir les engagements y afférents, que ce soit en termes de financements, de logistique ou d’infrastructures. Le Maroc exsangue, qui ambitionne de façon aberrante de faire de cet événement un symbole de sa prétendue montée en puissance, multiplie les démarches pour quémander l’aide des Européens dont il est le vassal. Mais à Madrid, Akhannouch n’a obtenu que la signature d’accords essentiellement favorables à l’Espagne. Une situation qui alimente les critiques internes au Maroc, où la colère gronde en raison de la paupérisation des sujets marocains, pendant que leur roi est filmé en train de faire du shopping aux Emirats arabes unis, où il se trouve depuis plus d’un mois.

Deux dossiers sensibles illustrent la position d’extrême faiblesse du Makhzen face à l’Espagne. D’abord, la gestion de l’espace aérien du Sahara Occidental, que Madrid continue d’assurer. Rabat revendique ce transfert depuis des années, mais le gouvernement espagnol oppose un refus catégorique, conscient de la portée politique et internationale d’un tel geste. Ensuite, la délimitation des frontières maritimes autour des îles Canaries. En effet, les autorités espagnoles travaillent à étendre leur zone économique exclusive dans des eaux proches des eaux territoriales sahraouies, ce qui limitera l’accès du Maroc à des ressources sous-marines importantes que le régime marocain prédateur lorgne. Là encore, le gouvernement espagnol n’est pas près de satisfaire les revendications marocaines.

L’absence d’une conférence de presse conjointe entre Sanchez et Akhannouch, pourtant habituelle lors de visites de ce niveau, a renforcé la conviction d’un rendez-vous subi plutôt que choisi. Le contraste est saisissant pour un chef de gouvernement dont le pays cherche à se positionner comme acteur régional incontournable, mais qui peine à obtenir des gestes politiques forts de partenaires historiques.

Cette situation interpelle également notre pays, dans la mesure où le président Abdelmadjid Tebboune doit encore répondre à l’invitation de Pedro Sanchez pour une visite officielle en Espagne, ce mois de décembre. Le climat diplomatique actuel, dans lequel le Maroc perd de l’influence à Madrid malgré le très fragile soutien de Pedro Sanchez, devrait peser sur la décision algérienne.

A. S.

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