Condamnation des manifestants du Hirak du Rif : comment la France protège son allié marocain

Hirak jugement Quai d'Orsay
Comme ici à Rabat, plusieurs villes ont vu des manifestations après l’annonce du verdict inique. D. R.

Par Sadek Sahraoui – Entre la défense des droits de l’Homme et la protection de son allié marocain, le choix pour le gouvernement français est vite fait. Alors que la condamnation des animateurs du mouvement de protestation du Hirak Rif à de très lourdes peines continue à soulever un vent de réprobation aux quatre coins du globe, la France, qui se considère comme l’un des principaux porte-flambeaux du combat pour le respect des droits humains, signifie clairement qu’elle ne lèvera pas le petit doigt dans ce dossier. Pourtant, Nasser Zefzafi, Nabil Ahamjik, Ouassim El-Boustati et Samir Ighid, les leaders de la révolte qui a éclaté après la mort de Mouhcine Fikri, ce jeune vendeur de poisson broyé par une benne à ordures après la saisie de sa marchandise, ont été condamné à 20 ans de prison ferme, ce qui a pratiquement valeur de condamnation à vie.

Invité il y a deux jours à donner son point de vue sur l’inique verdict rendu par la justice marocaine dans le cadre du procès des détenus politiques rifains, le porte-parole du Quai d’Orsay s’est contenté de botter en touche en rappelant des généralités, pour ne pas dire des banalités, du genre «nous avons pris connaissance des condamnations prononcées dans le cadre du procès des manifestants du Hirak du Rif marocain» ou «nous sommes attachés au respect des libertés publiques».

A aucun moment le représentant du ministère français des Affaires étrangères n’a critiqué la gestion par le Makhzen de cette affaire. La non-réaction française a d’autant plus scandalisé les ONG de défense des droits de l’Homme que parmi les condamnés figurent aussi des syndicalistes et des journalistes. Le syndicaliste Mohamed Jelloul a été, en effet, condamné à 10 ans de prison. Les journalistes Mohamed Asrihi, directeur de Rif 24, et Rabie El-Ablak, très affaibli par sa grève de la faim, ont écopé pour leur part de 5 ans de prison. Une cinquantaine d’autres détenus avaient été aussi condamnés à des peines allant de 3 à 10 ans de prison pour avoir manifesté pacifiquement.

Ce énième épisode montre si besoin est que la France est prête à couvrir toutes les dérives du régime marocain, y compris les injustices et les graves atteintes aux droits de l’Homme qui y sont commises. Outre de ne pas se soucier du sort des personnes jetées en prison pour leurs opinions politiques, le porte-parole du Quai d’Orsay a eu même le culot de laisser entendre que la France ne lâchera pas le Maroc et qu’elle l’aidera à acheter la paix sociale. «Nous sommes également attentifs à la situation économique et sociale dans le Rif où nous menons des actions de coopération avec les autorités marocaines à travers l’Agence française de développement au bénéfice de la population de cette région», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay tout en invitant prestement les journalistes à passer à autre chose.

S. S.

Comment (6)

    Mme CH
    30 juin 2018 - 1 h 22 min

    Shame on you, bande d’hypocrites….et vous avez encore le toupet de vouloir donner des leçons à ceux qui n’ont pas voulu se mettre à genoux malgré vos sales manigances….!! Le Crif et les Rothschild vous ont mis sous leurs bottes et dans leurs poches bande de guignoles corrompus et vous croyez que vous allez nous impressionner…petites marionnettes qui feront trois petits tours et puis s’en vont mais avant, elles danseront tout en rond sur le pont d’Avignon, les belles dames font comme ça…Et puis encore comme ça. …! Allez circulez, il n’y a rien à gratter chez nous…!

    TARZAN
    29 juin 2018 - 18 h 01 min

    et pourquoi vous journal vous ne titrez pas en grand « RSF OU ETES VOUS? ». moi j’ai remarqué que RSF qui n’est qu’une boite de com du roi m6, dans son classement ils mettent toujours le maroc devant l’algérie dans le classement des pays en matière de liberté d’expression. si le maroc choque le monde entier (prosternation obligatoire, critique interdite contre le roi ce dealer et proxénète, interdiction à un journaliste de relater un fait de mécontentement social, la peine de mort pour un marocain qui dit la vérité sur le sahara occidental que c’est pas marocain et qui n’a jamais été marocain, etc.) et donc RSF sera contrainte de le positionner en place 120 par exemple alors l’lagréie sertait en position 122 ou 124. si le maroc est en position 150 alors l’algérie serait en 152 ou 155. algérien à nous de sensibiliser l’opinion internationale contre les manipulations des médias français ( jeune afrique, afrique magazine, france 2 etc.) net des pseudo ONG à la solde du makhzen comme RSF

    naim
    29 juin 2018 - 14 h 44 min

    Du temps de Hassan II jusqu’au règne de son rejeton, l’Occident en général et la France en particulier, ferment les yeux sur les crimes de la monarchie marocaine contre le peuple. Là dessus, il ne s’agit nullement des intérêts Français, mais plutôt de ceux des sionistes qui gouvernent en sous main les pays riches. Pour eux, le régime marocain fait partie du camp des alliés et donc susceptible d’être protégé contre le peuple. Azoulay, l’indéboulonnable conseiller et gouvernant effectif du pays est la clé d’explication de ce phénomène sans pareil dans le monde.

    Zalzale06
    29 juin 2018 - 14 h 19 min

    La France Protége De Toute Ses Forces Toutes Les Monarchies Du Monde

    Rodéo
    29 juin 2018 - 14 h 11 min

    Un amant (la France) ne peut pas faire de mal à sa concubine (Maroc) , c’est un responsable français qui a dit à peu près cela

    Ziad ALAMI
    29 juin 2018 - 14 h 09 min

    Une reaction logique de la France si on se refere aux dires de l’ex Ambassadeur de la France aupres de l’ONU qui disait un jour au sujet de M6 que  » c’est notre prostituee avec laquelle on partouze chaque soir, dont on n’est pas particulierement amoureux mais qu’on se doit de proteger ».

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