Violence banalisée
Par Kamel Moulfi – La violence ne veut pas quitter les stades où elle semble s’être installée durablement sur les gradins avec des spectateurs prêts à en découdre entre eux au moindre prétexte. La gravité du phénomène n’est pas prise au sérieux et c’est plutôt la politique de l’autruche qui est adoptée si l’on interprète bien la position des médias publics, et même d’une partie de la presse indépendante, qui ont décidé de ne pas donner d’informations sur les actes de violence qui continuent d’émailler les rencontres de football. Les images diffusées sur les chaînes de télévision privées sont impressionnantes. Les batailles rangées qui opposent les supporters des deux clubs en présence, et qui ne sont souvent justifiées par aucun enjeu véritable, ont tendance à devenir une constante des championnats et le risque de voir ce triste spectacle se banaliser est bien réel. Les responsables chargés, à divers niveaux, de juguler cette flambée de violences – qui ne touchent pas que les stades – et de lui trouver de vraies solutions à long terme, sont visiblement dépassés et n’arrivent pas à trouver la bonne démarche. En misant, de façon routinière, avec l’illusion d’innover, sur la politique spectacle, à partir d’un scénario totalement irréaliste de la présence de familles dans les stades, et en croyant que la médiatisation allait faire le reste, ces responsables ont montré leur ignorance des données du problème de la violence chez les jeunes dans notre pays. Les causes sont en dehors de l’enceinte sportive, elles sont dans la société où les jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes, les leçons paternalistes d’antan n’ont plus d’effet sur eux, celles données à l’école ne sont pas convaincantes et la loi ne leur fait plus peur. Il y a une impression d’abandon totale de cette frange de la population, qui devrait pourtant bénéficier de tous les égards, étant largement majoritaire dans le pays. S’agissant de la violence dans les stades, il faut ajouter que l’intrusion de l’argent, sale, dit-on, dans le football n’est pas étrangère à cette dérive. Le football s’est dangereusement éloigné de sa vocation qui consiste à éduquer et non pas à entretenir la haine.
K. M.
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