La faute au capitalisme ? Vraiment ?
Par Nacer Chali – Le climat délétère dont la France est le théâtre aujourd’hui est le produit de la crise du capitalisme. Il n’y a pas plus faux que ça ! Traversons la frontière, les Allemands se portent bien, survolons la Manche, les Anglais se portent mieux. Faisons un tour en Europe du nord, les pays scandinaves se portent bien. Tout simplement parce que ces pays ont amorcé des réformes structurelles de leurs économies après la fin des trente glorieuses.
Alors que la France a toujours laissé faire et se vante aussi de son modèle parfait, que beaucoup désignent par l’exception française, jusqu’à ce que tous les indicateurs économiques franchissent le Rubicon. Sur le plan social, c’est la désolation qui a même paupérisé les classes moyennes. Alors, au lieu de culpabiliser les mêmes élites aux commandes depuis longtemps, ils trouvent des boucs émissaires tout désignés. La France est en panne. Et ce sont les immigrés, les Noirs, les Arabes et les réfugiés qui ont crevé les pneus du véhicule France. Cette «bouc-émissairisation» était tellement gonflée par les médias et les réseaux sociaux qu’un parti politique qui a fait de la misère du monde son plat de résistance a donné des sueurs froides entre les deux tours des dernières élections présidentielles.
C’est ce discours qu’on a entendu un milliard de fois que M. Mesloub est en train de reproduire. Dans cet article, il fonce toutes griffes dehors pour nous prémunir du repli sur soi. Mais, il refuse sciemment de s’attaquer aux causes. Pourtant, elles sont évidentes. L’échec des politiques d’intégration a enfanté les banlieues que d’aucuns appellent les plaies de la république. Ce que veut nous dire M. Mesloub est le suivant : si des gens sont marginalisés politiquement et socialement, c’est leur faute. Quelquefois, il dit qu’il n’y a pas de communautés, pour dire plus tard qu’il faut arrêter les victimisations communautaires ! Plus loin, il affirme que les communautés sont un frein à l’esprit de classe et que tous les travailleurs de France doivent s’unir pour défendre leurs intérêts. Parfait.
Si les syndicats en France ont perdu du terrain pour unir les travailleurs, ce n’est pas la faute des travailleurs de la périphérie des villes et de la France profonde, mais plutôt celle des élites syndicales et des retombées de la chute des pays communistes. La vulgate marxiste, en l’occurrence la lutte des classes, la classe ouvrière, le prolétariat, est un très mauvais souvenir qui a fait près de 100 millions de morts à travers le monde (voir le livre sur les crimes du communisme). Exemples. L’Allemagne a été divisée en deux, la RFA était une réussite mondiale par rapport à la RDA communiste. Même chose pour les deux Corées.
Cette digression est voulue parce que je comprends que vous êtes un nostalgique du socialisme. Vous aurez dû terminer votre article par : prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Il n’y a pas de miracles, M. Mesloub, les pays qui réussissent mettent leurs meilleurs enfants aux commandes et qui osent engager des réformes sans pointer du doigt tel ou tel étranger et qui regardent plus vers la réussite de leurs réformes que la date des prochaines élections. Le populisme n’a jamais résolu les problèmes à long terme, il ne fait que masquer les insuffisances du système que vous prétendez défendre d’une façon on ne peut plus maladroite comme un médecin qui veut soigner les symptômes au lieu des causes de la maladie. Vous manquez d’analyse historique sur les événements qui ont produit la situation alarmante du pays où vous vivez. Faites des recherches au lieu de dégainer à bout portant.
N. C.
Enseignant, Toronto, Canada
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