Liberté de la presse au Maroc : RSF dénonce enfin le Makhzen
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé, cette fois, dans un communiqué rendu public hier sur son site internet, les exactions contre des journalistes venus couvrir les manifestations qui secouent le Rif depuis plus de six mois.
L’organisation, basée à Paris, mentionne qu’elle a déjà recensé «deux arrestations, trois disparitions et l’expulsion d’un journaliste algérien». Les autorités veulent-elles étouffer les événements dans le Rif, s’interroge RSF qui signale que «depuis le 26 mai dernier, les journalistes et journalistes-citoyens, venus couvrir les manifestations dans la région, sont dans le viseur des autorités. Mohamed Al-Asrihi et Jawad Al-Sabry du média en ligne Rif24 et Abd Al-Ali Haddou (animateur de la webTV AraghiTV) ont disparu depuis le 26 mai de peur de se voir interpellés et condamnés».
Reporters sans frontières indique que «Houssein Al-Idrissi (photographe de Rif Press) et Fouad Assaidi (AgrawTV) ont tous deux été arrêtés samedi 27 mai dernier à Houceïma, et immédiatement transférés vers Casablanca pour la poursuite de l’enquête menée par la brigade centrale de la police judiciaire», ajoutant que «les chefs d’accusation retenus contre eux sont inconnus à ce jour».
L’organisation de défense du droit de la presse dit «craindre que leur arrestation survenue au même moment que celle de militants du mouvement Hirak ne mène à des poursuites pénales qui n’ont rien à voir avec leurs activités journalistiques». «Il est essentiel de laisser les journalistes et journalistes-citoyens couvrir les événements du Rif, au risque sinon de voir cette région devenir, comme l’est actuellement le Sahara Ooccidental, une zone de non-droit pour l’information indépendante», a déclaré Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF qui appeles autorités marocaines à libérer les journalistes-citoyens marocains actuellement détenus pour avoir exercé leur droit d’informer et demandons de faire cesser les menaces et les poursuites à leur encontre».
RSF précise dans son communiqué que «la presse étrangère n’est pas épargnée», mentionnant que «le 28 mai 2017, Djamal Alilat, grand reporter du journal algérien El- Watan, a été interpellé à Nador». «Il a été depuis expulsé du territoire marocain après avoir passé plus de 24 heures en détention, sans que l’on lui restitue son matériel saisi. Les autorités ont invoqué l’absence d’une autorisation de tournage, prétexte trop souvent utilisé et soumis à l’arbitraire au vu du manque de transparence dans les critères d’octroi de ces autorisations et de l’absence d’une notification de refus motivée dans des délais raisonnables», ajoute RSF.
Le communiqué de RSF surprend un peu puisque cette organisation est habituée à être très complaisante à l’égard du Makhzen. Sa direction a fermé les yeux sur presque toutes les atteintes à la liberté de la presse au Maroc. Cette fois, RSF ne pouvait certainement pas faire autrement. Les atteintes étaient trop visibles et trop nombreuses pour qu’elles puissent être occultées.
Sadek Sahraoui
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