Pourquoi la Côte d’Ivoire insiste pour maintenir le Sommet UA-UE à Abidjan
Par Houari Achouri – C’est la fin du suspense concernant la participation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au Sommet Union africaine-Union européenne (UA-UE), prévu les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan (Côte d’Ivoire). Un communiqué du ministère sahraoui de l’Information a indiqué, samedi, que la RASD a reçu une invitation le 27 octobre de la part de la Commission de l’UA (bureau du Président), à l’instar de tous les pays membres.
Le communiqué du ministère sahraoui a précisé que cette invitation fait suite à une note de la Côte d’Ivoire adressée à tous les Etats membres de l’UA, sans exclusive, pour participer au 5e Sommet qu’abritera Abidjan. Tout cela est conforme à la décision du conseil exécutif de l’UA (conseil des ministres des Affaires étrangères) prise lors de la tenue de sa session extraordinaire le 16 octobre en cours à Addis-Abeba.
Mais l’agitation qui se passe à Abidjan incite à la vigilance, selon les observateurs. Ainsi, sous couvert d’une invitation du président Ouattara et soi-disant pour rendre compte au Parlement européen des avancées dans la préparation de ce Sommet, la visite de l’eurodéputée franco-marocaine Rachida Dati en Côte d’Ivoire sert à montrer que la question du transfert du Sommet à Addis-Abeba n’est pas d’actualité et que tout se déroule normalement. En même temps, le président ivoirien a effectué visite-éclair en Guinée (autre capitale de la Françafrique), pays qui assure la présidence en exercice de l’UA, pour obtenir son soutien pour le maintien du Sommet à Abidjan. A cette occasion, le Président ivoirien a a promis que la Côte d’Ivoire prendra toutes les dispositions, de concert avec l’UA, afin que cet important événement se déroule bien.
Que va faire le Maroc, soutenu par la France ? Il est clair que la tournure que prennent les événements, à quelques jours de la tenue du Sommet, signifie l’échec des manœuvres du Makhzen et des pressions qu’il a exercées sur l’institution européenne – directement ou par le biais de pays européens qui lui sont favorables – afin d’exclure la RASD.
On se rappelle ce qui s’est passé à Maputo, au Mozambique, lors de la réunion ministérielle sur le développement de l’Afrique (Ticad-VI), en août dernier : la diplomatie marocaine avait cherché à empêcher la participation de la RASD ; elle a essuyé un cuisant et humiliant échec suite à la mobilisation des pays africains. C’est la même riposte que l’UA s’apprête à opposer au duo Paris-Rabat s’il venait à vouloir saborder le 5e Sommet UA-UE. Car la RASD est décidée, avec l’UA, à ne pas se laisser priver de sa participation à ce Sommet, comme c’est son droit au même titre que tous les Etats membres de l’Union. Le ministre des Affaires étrangères sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, a averti que sans la RASD, «il n’y aura pas de Sommet entre Africains et Européens». La délocalisation du Sommet vers Addis-Abeba, siège de l’UA, reste une option ouverte en cas d’impasse liée aux manœuvres du Maroc et d’empêchement de la RASD d’y participer.
H. A.
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