Raouya : «Le PLF 2018 vient préserver le pouvoir d’achat dans une conjoncture difficile»
Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a indiqué, dimanche à Alger, que le projet de loi de finances (PLF 2018) intervenait dans «une conjoncture difficile» et s’inscrivait dans le cadre des efforts visant à consolider le développement et à préserver les équilibres macroéconomiques ainsi que le pouvoir d’achat des ménages.
Ce projet intervient dans «un contexte particulier» marqué, au plan interne, par «la persistance des contraintes financières» et, au plan international, par l’instabilité des marchés pétroliers, en dépit de l’accord relatif à la baisse de production du pétrole, a affirmé Raouya, lors de la présentation du PLF 2018 en séance plénière à l’APN sous la présidence de Saïd Bouhadja, en présence du ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua.
Visant à renforcer l’économie nationale dans «une conjoncture difficile», ce texte «accorde la priorité à l’investissement productif, créateur de richesses et d’emploi et à encourager le climat d’affaires en boostant la dynamique économique à travers les multiples mesures qu’il prévoit, avec pour objectif de parachever les projets de développement en cours, de lancer de nouveaux projets de base, de baisser le taux d’intérêt en faveur des investisseurs producteurs et de moderniser le cadre juridique relatif à l’investissement à travers l’intégration des chèques dans les opérations financières», a-t-il précisé.
Par ailleurs, le ministre a soutenu que ce projet préservait le pouvoir d’achat des ménages à travers le maintien du même niveau des transferts sociaux, sachant que ces derniers s’élèveront à 1 760 milliards de dinars en 2018. Expliquant que la chute des prix du pétrole sur les marchés mondiaux avait impacté l’économie nationale en réduisant les ressources financières et en mettant le Trésor sous la pression, Raouya a mis en avant les défis auxquels est confrontée l’économie nationale, notamment la baisse de liquidité bancaire, l’épuisement de l’épargne publique depuis février 2017 et la contraction des réserves de change, estimées à 102.4 milliards USD à la fin de septembre 2017. Cette situation implique le maintien d’un niveau acceptable de développement afin d’assurer la prise en charge de la demande sociale, créer suffisamment d’opportunités d’emploi et garantir un service public adéquat, a-t-il ajouté.
Evoquant les fondamentaux de l’économie nationale jusqu’à septembre 2017, le ministre a relevé une hausse du prix de baril à hauteur de 51,2 USD, une relative amélioration des exportations d’hydrocarbures, avec 21,4 milliards USD et une légère baisse des importations de biens, estimées à 33,9 milliards USD, expliquant que ces facteurs ont entraîné le ralentissement du déficit commercial de 13,1 milliards USD à 8,1 milliards USD en fin septembre 2017.
Le ministre a évoqué également un recul du taux d’inflation qui s’est établit à 7% à fin septembre 2017 contre 6,4% durant la même période de l’année 2016. Quant au déficit du Trésor, le ministre a indiqué qu’il a reculé à près de 734,6 milliards DA fin juin 2017 contre 2 031 milliards de dinars durant la même période de l’année 2016, imputant ces chiffres à une augmentation des recettes et un recul des dépenses. Devant ces données et les prévisions de la croissance économique mondiale et les tendances du marché pétrolier, le projet de loi de finances 2018 a été élaboré sur la base d’un prix référentiel fiscal de 50 USD/baril pour la période 2018-2020, avec un prix de marché de baril brut à 50 USD en 2018 et de 55 USD en 2019 et 2020.
Par ailleurs, le projet table sur une prévision d’une parité maximale de 115 DA pour 1 dollar américain durant la période 2018-2020. Pour ce qui est des importations de marchandises, elles devraient atteindre, selon le ministre, 43,6 milliards USD en 2018, 41,4 milliards USD en 2019 et 40,9 milliards USD en 2020. Les crédits de la balance de paiement devraient atteindre pour la période 2018-2020, -11,9 milliards USD en 2018 , -5,5 milliards USD en 2019 et -3,5 milliards USD en 2020, a encore indiqué le ministre.
Quant à l’évolution du budget de l’Etat durant la période 2018-2019, le ministre a dit qu’il se focalisera sur la maîtrise des dépenses publiques et la progression graduelle des recettes fiscales. Les équilibres budgétaires prévus en 2018 induiront un déficit budgétaire estimé à -9,2% du PIB contre -5,4%, par rapport à la clôture 2017. Ce déficit est directement lié à une hausse des dépenses budgétaires à hauteur de 21,3% par rapport à la clôture 2017 et une augmentation des recettes budgétaires qui restent autour de 1,4%, a-t-il précisé.
Concernant les recettes budgétaires, elles s’établiront à 6 714,3 milliards DA, soit une hausse de 10,4% par rapport aux recettes prévues à la clôture 2017. Selon les chiffres présentés par le ministre, les recettes de la fiscalité pétrolière, recouvrées et inscrites, au titre du budget devront atteindre 2,2776, milliards de dinars en 2018, tandis que les recettes fiscales ordinaires enregistreront une hausse de 9,8%, passant de 1,2761 milliards de dinars à la clôture 2017 à 0,3033 milliards de dinars en 2018. Ces recettes sont essentiellement liées à l’évolution des éléments: +12,2% d’impôts directs, +9,4% de recettes d’impôts et 18,3% des recettes de timbres et enregistrements.
Les salaires des fonctionnaires atteindront 2 135,2 milliards de dinars en 2018
Quant aux dépenses de fonctionnement, le ministre a indiqué qu’elles s’élèveront à 4 584,5 milliards de dinars, soit une baisse de 8 milliards de dinars par rapport à la clôture 2017 (4 591,8 milliards de dinars). Il a rappelé que les salaires des fonctionnaires atteindront 2 135,2 milliards de dinars en 2018 du fait de l’impact de la prise en charge de la formation uniquement pour les secteurs de la santé et de l’éducation nationale et du non-remplacement systématique des retraités, estimés à 14 251 postes. Avec l’introduction des dépenses salariales dans les autres postes du budget de fonctionnement (l’appui des institutions publiques administratives, des établissements hospitaliers…), la masse salariale avoisinera 2 743 milliards de dinars en 2018. L’aide à la gestion, y compris des établissements publics à caractère scientifique et les établissements hospitaliers enregistrera une légère hausse de 1 milliard de dinars en 2017, passant de 1,087 milliards de dinars en 2017 à 2,781 milliards de dinars en 2018. La dette publique devrait augmenter de 3,31 milliards de dinars. L’intervention économique de l’Etat passera de 0,315 milliard de dinars en 2017 à 3,335 milliards de dinars en 2018, soit une hausse de 2,20 milliards de de dinars.
Plusieurs mesures proposées pour améliorer les recettes de l’Etat
Parmi les dispositions prévues dans le PLF 2018, l’introduction d’une taxe additionnelle sur les produits tabagiques destinés à la consommation locale fixée à 11 DA/paquet, d’un impôt sur la fortune définissant le type de patrimoine assujetti, le barème et la destination des recettes provenant de cet impôt d’une valeur oscillant entre 50 et 100 millions de dinars. Le PLF 2018 prévoit également de relever la taxe sur les produits pétroliers (TPP) de 5 DA/litre pour l’essence et de 2 DA/litre pour le gasoil et l’introduction d’un impôt de 1% sur les produits importés pour soutenir la Caisse nationale des retraites (CNR), et l’élargissement de l’imposition fiscale sur le surplus de la valeur réalisée, y compris sur les habitations principales, à l’exception des habitations collectives qui constituent l’unique propriété.
Le PLF 2018 propose, par ailleurs, la révision de l’impôt sur les véhicules d’entreprises, l’exemption d’impôt pour les ventes de l’orge et du maïs et le relèvement, de 3 à 5%, de la taxe appliquée sur les propriétaires de terres non exploitées et à usage industriel. Il prévoit également l’institution d’une nouvelle taxe douanière fixée à 60%, applicable à tous les produits manufacturiers à caractère non prioritaire et à forte influence sur la balance de paiement en sus de la taxe actuelle fixée à 30%. Le même texte propose d’exclure le Fonds national d’investissement (FNI) de la gestion des dépenses à caractère final pour ce qui est des programmes d’investissements publics.
Pour sa part, le président de l’APN, Saïd Bouhadja, a déclaré que le PLF 2018 vise à «être un levier de croissance économique avec des indicateurs à la hauteur des défis du développement durable et exigences de la cohésion sociale», ajoutant qu’il s’agit d’une «transformation de qualité en termes d’augmentation du budget d’équipement qui dépasse pour la première fois le budget de fonctionnement».
R. E.
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