L’Algérie vue par The Guardian : moutons, jeunesse perdue et couvre-feu
De Londres, Boudjemaa Selimia – Le quotidien britannique The Guardian, certainement à court d’idées pour remplir ses colonnes, n’a pas trouvé mieux que de parler des «combats de moutons» en Algérie, qu’il décrit comme une pratique permanente symptomatique d’une jeunesse algérienne à la dérive. Le journal présente cette frange de la société algérienne comme une «génération perdue». Une jeunesse qui, selon l’auteure de l’article intitulé «Le monde impitoyable des combats de moutons : sport illégal et apprécié par la génération perdue en Algérie», est «complètement déphasée» en raison des «séquelles psychologiques de plus d’une décennie de guerre civile».
Selon Hannah Rae Armstrong, la journaliste qui a signé ce roman-fleuve, ces jeunes qui dressent les moutons pour le combat «appartiennent à une catégorie d’Algériens déboussolés, âgés entre vingt et trente ans, et ont grandi dans un climat de terreur et de peur dominé par les affrontements armés, la corruption et les couvre-feu». Cette approche montre clairement que cette journaliste est passée à côté de l’essentiel dans son «reportage» sur l’Algérie pour ne s’intéresser qu’à cet aspect futile de la vie des Algériens, les combats de moutons. Une activité temporaire qui se déroule uniquement, et de façon très limitée, durant la fête religieuse de l’Aïd El-Adha.
La journaliste raconte : «Les combats de moutons sont devenus une arène rare où les hommes peuvent échapper à la surveillance constante de l’Etat. Alors que les combats sont techniquement illégaux, les autorités autorisent les adeptes de ce sport à se rendre dans des endroits clandestins chaque semaine. (…) La tolérance du gouvernement algérien vis-à-vis de ces combats de moutons est une reconnaissance tacite qu’il faut des exutoires pour réfréner leurs pulsions agressives.» Elle décrit un pays où «les rues sont remplies d’agents secrets» et où «une mentalité de couvre-feu règne encore» puisqu’il «n’y a rien à faire après 18 h». Elle explique que l’Algérie a échappé au «printemps arabe» à cause de la «police secrète» qui «intercepte la plupart des protestataires avant même qu’ils manifestent».
The Guardian tente-t-il de tourner les regards vers l’Algérie en brossant un tableau noir au moment où le pays se relève d’une longue période de terrorisme ? The Guardian et sa journaliste américaine sont-ils gênés que les jeunes Algériens ne représentent qu’une infime partie des candidats à l’émigration clandestine et des cohortes de recrues des groupes terroristes islamistes qui se comptent par milliers chez nos voisins ?
B. S.
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