Quand les Marocains admettent que le Makhzen a reçu une gifle de l’UE
Par Sadek Sahraoui – Contrairement aux titres de la presse aux ordres, qui, malgré les évidences et les faits, continue à nier mordicus la faillite de la diplomatie marocaine, le cabinet noir de Mohammed VI admet non sans peine que le Front Polisario et la Cour européenne de justice viennent de lui infliger une gifle qu’il n’oubliera pas de si tôt.
Dans un long article intitulé «L’Europe gifle le Maroc, Bourita lui tend l’autre joue», signé par Abdellah El-Hattach et consacré à l’accord de pêche liant Rabat et Bruxelles, contesté par la RASD et l’avocat général de la Cour européenne de justice, le site le1.ma, réputé proche du ministère marocain des Affaires étrangères, parle même de «défaite diplomatique importante». Revenant sur la bérézina du département dirigé par Nasser Bourita, la même source ajoute qu’il ne sert à rien de faire dans le déni.
le1.ma, qui se présente comme le défenseur d’une prétendue «souveraineté marocaine» et des «intérêts du royaume», tombe pratiquement à bras raccourcis sur Aziz Akhannouch et Nasser Bourita, respectivement ministres de l’Agriculture et des Affaires étrangères. A ce dernier, le directeur du journal en ligne reproche son manque de «fermeté», de «courage» et «d’audace» dans la défense des intérêts supérieurs du royaume face à l’hostilité caractérisée de la Cour européenne.
Pour Abdellah El-Hattach, «Nasser s’est livré à une déclaration indolore, inodore et inaudible» après la décision de la Cour européenne de justice qui stipule que l’accord conclu entre l’Union européenne et le Maroc ne peut en aucun cas s’appliquer au Sahara Occidental et dans les eaux adjacentes à celui-ci. Autant que le1.ma accuse Nasser Bourita de traître à la nation. Il suggère même de le dégager sans ménagement aucun, car il le considère comme responsable de la «naqba» marocaine programmée et prévisible. «Dans sa langue de bois habituelle, Bourita dit vouloir poursuivre le renforcement du dialogue politique avec Bruxelles et préserver la stabilité des relations commerciales entre les deux parties. Notre ministre des Affaires étrangères serait-il un adepte du Sermon de Mathieu ? Quand la souveraineté nationale est en jeu, nous avons besoin de taper du poing sur la table. Car tendre la joue gauche quand on est frappé sur la droite n’a rien de sage ni de diplomatique. Surtout pas dans ce cas d’espèce», fait remarquer, dépité, le journaliste en ligne marocain.
A Aziz Akhannouch, le média reproche d’avoir essayé de minimiser la décision de la Cour européenne de justice, d’essayer de «justifier l’injustifiable» et de cacher la vérité aux Marocains. Tout en pointant longuement le laxisme fatal des autorités marocaines, Abdellah El-Hattach indique que dans le cas du dossier de la pêche, c’est l’autre ONG baptisée Western Sahara Campaign (WSC) qui se bat sur tous les fronts internationaux pour promouvoir la reconnaissance du droit à l’autodétermination du «peuple sahraoui» et, par là, invalider le droit du Maroc à appliquer l’accord de pêche dans les eaux adjacentes au territoire du Sahara. Et pour lui, il aurait fallu que le Makhzen en prenne de la graine.
S. S.
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