Kabylie sous pression
Par Rabah A. – L’immense fossé constaté entre les décisions annoncées et officialisées par le chef de l’Etat en faveur de la promotion de la langue amazighe et la sévérité du verdict prononcé, hier, par la Cour d’appel de Béjaïa à l’encontre d’un jeune blogueur fortement soutenu par le mouvement associatif local, et dont l’affaire bénéficie d’une médiatisation jamais égalée, est si frappant qu’on est en droit de croire à l’existence de deux forces antagoniques qui exercent leurs pressions simultanément sur la Kabylie. A quels desseins ? Et au profit de qui ? Mystère.
On sait qu’à l’approche – ou au lendemain – de chaque échéance politique importante, la Kabylie devient un grand champ de manœuvres pour les différents acteurs politiques qui, chacun avec ses moyens et ses méthodes, plus ou moins saines, tentent de faire bouger les lignes dans le sens qui lui soit favorable. Mais, attention, les manœuvres peuvent tourner mal et déboucher sur des situations inextricables, comme cela a été le cas en 2001. Les choses risquent, encore cette fois-ci, de se compliquer, avec l’entrée en jeu de ces aventuriers du MAK qui menacent d’imposer à la région un nouveau cycle de régression, avec leur fameuse «force de contrainte» qu’ils se sont promis de mettre sur pied dans les montagnes de la région.
Un tas de mouvements suspects confortent cette hypothèse de manipulations en vue. Pas plus loin que mercredi dernier, un chanteur bien connu pour ses accointances avec l’organisation séparatiste a fait une déclaration bien inspirée sur l’assassinat de Matoub Lounes dont la symbolique a toujours été utilisée par les experts de l’ombre pour ameuter la jeunesse. Il dit avoir vu l’arrivée de cinq gendarmes sur les lieux de l’attentat cinq à dix minutes après les faits. Aussitôt, la fondation Matoub a saisi la justice pour demander à entendre l’auteur de ces propos.
Qui acceptera d’adhérer à ce jeu pour remuer le couteau dans la plaie ?
R. A.
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