Les cinq raisons qui ont fait «fuir» les touristes algériens de Tunisie
Par Lina S. – Le rush des Algériens qu’on attendait de voir se rendre en Tunisie par centaines de milliers n’a pas eu lieu. Des agences de voyages contactées par Algeriepatriotique sont unanimes : la récréation est terminée.
En dépit d’une campagne lancée par les autorités tunisiennes bien avant le début de la saison estivale pour attirer deux millions de visiteurs – ce qui aurait constitué un record –, les centres frontaliers d’Oum Tboul et Bouchebka sont désespérément vides. A cela, plusieurs raisons, nous expliquent des tours opérateurs et des citoyens qui ont décidé de bouder la destination Tunisie.
«Les prix sont passés du simple au double», explique un directeur d’agence qui affirme qu’un grand nombre d’Algériens ont finalement décidé de passer leurs vacances en Algérie. «Le voyage par bus et l’hébergement pour une semaine à peine dans un hôtel 3 ou 4 toiles reviennent désormais à 80 000 DA», précise notre interlocuteur. Une augmentation des prix qui a coïncidé avec une chute drastique du niveau de vie des Algériens depuis la chute des prix du pétrole et des mesures prises à la hâte par le gouvernement qui a été pris de panique et qui a transmis cet affolement à l’ensemble des citoyens.
L’autre raison de cette désaffection a un lien direct avec le calendrier. En effet, les familles, dont beaucoup attendent les résultats du baccalauréat, ne sont pas encore fixées sur leur projet d’été. Leur choix est donc tributaire du résultat, sachant que plus de 700 000 candidats ont passé cette épreuve cette année. «Si, au bas mot, la moitié de ces familles a décidé de passer ses vacances en Tunisie, cela fait 350 000 touristes qui ne se sont pas encore prononcés sur leur destination», souligne un autre voyagiste.
Il y a également l’Aïd El-Adha qui sera fêté vers le 25 août. Cette fête religieuse que les Algériens attendent avec impatience intervenant à cette date, beaucoup de familles ont préféré ne pas s’éloigner du pays et, surtout, épargner leurs économies pour pourvoir pratiquer le rite religieux qui devient, lui aussi, de plus en plus onéreux. Les prix des moutons ont connu une augmentation vertigineuse ces dernières années, et tout indique qu’ils seront encore plus chers cette année.
Enfin, beaucoup d’Algériens se plaignent du mauvais accueil qui leur est réservé en Tunisie malgré les efforts des autorités tunisiennes d’assurer «[nos] frères algériens de leur hospitalité». Des familles qui ont séjourné en Tunisie l’été dernier racontent que le climat en Tunisie n’est plus le même depuis quelque temps. Des cas d’agressions ont été signalés, tandis que le retour des touristes européens qui avaient boycotté la Tunisie en raison de l’insécurité qui y régnait a révélé la préférence des Tunisiens pour cette catégorie de touristes.
Il faut admettre, enfin, qu’un grand nombre d’Algériens, qui ont découvert le tourisme balnéaire hors des frontières sur le tard, ont terni l’image du pays par leur comportement incivique dans un pays réputé pour sa grande ouverture d’esprit et son savoir-vivre. Ce qui a provoqué une sorte de rejet des Tunisiens qui préfèrent les estivants occidentaux aux Algériens et aux Libyens.
L. S.
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