Présidentielle : pourquoi l’offensive de la mouvance islamiste a échoué
Par R. Mahmoudi – Au lieu de s’affermir à l’occasion du grand rendez-vous électoral du 18 avril prochain, l’alliance islamiste s’est écroulée avec grand fracas et les partis qui la composent se sont tout d’un coup révélés irréconciliables.
Lutte pour le leadership, clanisme, tribalisme, faillite idéologique : rien ne distingue plus les partis islamistes des autres forces politiques algériennes. Pourtant, il y a quelques mois, ces partis, à leur tête le MSP d’Abderrazak Mokri, semblaient déterminés à construire un nouveau rapport de forces qui leur permettrait de se repositionner sur l’échiquier politique et faire vite oublier la débâcle des législatives de mai 2017. Mais leur déclin n’a fait que s’accentuer. Les manœuvres de Mokri, couronnées par l’annonce surprise de sa candidature à la présidentielle, vont accélérer le processus de décomposition de ce courant politique et autoriser tous les errements politiques.
C’est le cas de Bouguerra Soltani qui, après avoir échoué à s’imposer au sein de son parti, le MSP, face à un rival plus rusé, se prépare à annoncer son soutien au seul «candidat de consensus» qui vaille à ses yeux, à savoir le président Bouteflika. C’est ce qu’il a laissé entendre dans une déclaration à Ennahar TV, samedi, en affirmant que les partis, y compris le sien, «n’ont aucune espèce d’importance si le pays est en danger». Dans un message facile à décoder, il annonce qu’il n’hésitera pas à répondre à «l’appel de la patrie», quand bien même cela irait contre l’orientation de son parti. Il faut donc s’attendre, dans les prochains jours, à ce que Soltani déclare son soutien à la candidature du Président sortant.
Autre parti islamiste sérieusement déstabilisé par l’échéance du 18 avril : le Front pour la justice et le développement (El-Adala) d’Abdallah Djaballah. Après avoir exprimé, haut et fort, son rejet d’un cinquième mandat pour le Président sortant et menacé de boycotter les élections, ce parti tente de tempérer ses ardeurs, en annonçant sa disposition à soutenir un candidat «consensuel» de l’opposition, sans fixer les critères que doit remplir un tel profil, ni faire allusion à la candidature d’Abderrazak Mokri.
Dans un communiqué rendu public, samedi, El-Adala affirme n’avoir aucun candidat à présenter mais n’en reste pas moins concerné par cette échéance à travers un travail de concertation avec «l’ensemble des forces influentes de l’opposition», en vue d’aboutir à une position «commune et sérieuse» qui pourra être concrétisée par la présentation d’un candidat commun.
Dans un registre plus caricatural, l’agitation que mène ces derniers jours l’ex-mentor du FIS dissous Ali Benhadj, à travers ses prêches incendiaires et des actions aussi téméraires que désespérées, dénote l’incapacité criante de ce courant dit radical – qui a aussi des partisans dans les partis dits modérés – à s’inviter au débat. Samedi, l’incoercible Benhadj a tenté de s’introduire jusqu’au siège du FLN à Hydra où se tenait la réunion des partis de l’alliance présidentielle. Mais il a été empêché par les forces de sécurité.
R. M.
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