Bouhired : «Le soutien de Macron est une agression contre le peuple algérien»
Par Houari A. – La moudjahida Djamila Bouhired a affirmé que «le soutien du président français au coup d’Etat programmé de son homologue algérien est une agression contre le peuple algérien, contre ses aspirations à la liberté et à la dignité», estimant que c’est un «signe révélateur [des] liens pervers de domination néocoloniale».
Dans un commentaire adressé à Algeriepatriotique, l’icône de la Guerre de libération nationale considère que «plus d’un demi-siècle après la victoire sur la domination coloniale et l’accession du pays à l’indépendance, le système politique tente de survivre par la ruse pour continuer à opprimer les Algériens, détourner nos richesses et prolonger la tutelle néocoloniale de la France pour bénéficier encore de la protection de ses dirigeants».
«Ceux qui, au nom d’un patriotisme de bazar, exigeaient la repentance de la France, ont fini par tomber les masques», souligne-t-elle, en s’interrogeant : «Combien de dirigeants, à la retraite ou encore en activité, combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires, combien d’officiers supérieurs de l’armée, combien de chefs de partis, se sont repliés sur l’Hexagone, leur patrie de rechange, le refuge du fruit de leurs rapines ?»
«Au nom de quelle conception bien singulière de la démocratie, au nom de quelles valeurs universelles peut-on voler au secours d’un régime autoritaire pour prolonger, hors de toute base légale, le pouvoir d’un autocrate, de sa famille, de son clan et de leurs clientèles, massivement rejetés par la volonté du peuple algérien ?» s’est-elle encore interrogée, en rappelant que «dans son long combat libérateur, le peuple algérien ne s’est jamais trompé de cible». «Si notre génération a combattu le système colonial, écrit-elle, elle a su apprécier à sa juste valeur la solidarité active du peuple français, notamment de son avant-garde progressiste.»
Djamila Bouhired explique son «rappel historique» par sa volonté d’«attirer l’attention de la jeunesse algérienne en lutte sur les dérives qui menacent [son] combat».
«Vous avez repris le flambeau qui va éclairer le chemin de notre beau pays vers son émancipation, dans la dignité retrouvée et dans les libertés à reconquérir. Là où ils se trouvent, je suis convaincue que nos martyrs, qui avaient votre âge lorsqu’ils avaient offert leur vie pour que vive l’Algérie, ont, enfin, retrouvé la paix de l’âme», souligne la moudjahida qui a combattu dans la Zone autonome d’Alger, qui salue l’«engagement pacifique» des jeunes qui ont «désarmé la répression» par le «civisme qui a suscité l’admiration dans le monde» et par «cette communion fraternelle tapie dans nos cœurs et qui resurgit chaque fois que la patrie est en danger».
Djamila Bouhired appelle à la vigilance «après des semaines d’une lutte pacifique, exemplaire dans l’histoire et de par le monde», indiquant que le mouvement «est à la croisée des chemins» mais qu’il «risque de sombrer dans le catalogue des révolutions manquées» au cas où les jeunes tomberaient dans le piège «des manipulateurs déguisés en militants, des agents provocateurs en service commandé, des serviteurs zélés du système fraîchement repentis, tapis dans l’anonymat et la clandestinité» qui «tentent de détourner votre combat pour le mener vers une impasse, dans le but de donner un sursis aux usurpateurs et de maintenir le statu quo».
H. A.
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