L’enterrement
Par M. Aït Amara – La mise en terre du FLN est en voie d’être achevée avec la désignation à sa tête de l’affairiste Mohamed Djemaï. Le parti historique de tous les Algériens, créé par les héros de la guerre d’Indépendance et accaparé par une poignée de politiciens intéressés, a été profané jusqu’à devenir le symbole par excellence de l’amoralité et de l’abjection.
Abdelhamid Mehri l’a livré pieds et poings liés au parti du binôme Abassi-Benhadj auquel il s’assimilait dans son for intérieur, allant jusqu’à militer pour la réhabilitation du FIS dont la dissolution a sauvé le pays d’un régime théocratique qui aurait tué dans l’œuf la démocratie balbutiante. Le FLN avait été transformé en instrument à la solde des extrémistes religieux dont il revendiquait de façon éhontée la victoire après avoir menti au confiant président Chadli Bendjedid, en lui faisant miroiter un raz-de-marée de l’ancien parti unique aux élections législatives de 1991.
Abdelaziz Belkhadem en a fait un parti hybride, trois quarts islamiste, un quart nationaliste. L’ancien président de l’Assemblée populaire nationale s’était distingué par sa collusion douteuse avec le régime des Mollahs lorsque la crise politique provoquée par les visées hégémoniques du FIS battait son plein et que les extrémistes avaient imposé le terrorisme islamiste comme moyen pour arriver au pouvoir. Ce même Belkhadem, qui sera plusieurs années plus tard, chassé comme un malpropre du FLN par l’ex-président Bouteflika, a révélé sa face cachée de mythomane hypocrite en affirmant, toute honte bue, que le mandat de l’APN n’était pas arrivé à son terme au moment de la démission de Chadli Bendjedid en janvier 1992, pour faire accroire à un coup de force de l’armée.
L’inénarrable Amar Saïdani s’est, lui, assis sur les principes fondateurs du FLN qu’il a écrasés avec ses méthodes de voyou, érigeant la grossièreté et la barbouzerie en doctrine. Sous son infâme direction, le FLN était devenu un lieu de débauche politique. L’argent sale y a fait son entrée fracassante et a exclu les militants sincères du parti qui regardaient impuissants l’omnipotent secrétaire général accaparer ce patrimoine national dont il fera sa propriété personnelle. Sa chute ne fera qu’accélérer celle de la formation dont il lâchera les commandes malgré lui.
Djamel Ould-Abbès a poursuivi l’œuvre «titanesque» de son prédécesseur en coulant définitivement le FLN avant d’être lui-même débarqué du navire naufragé. Défenseur invétéré du cinquième mandat sous couvert de la «continuité de l’œuvre de Bouteflika», son zèle lui fera prendre le même chemin que celui dont il téléguidera l’éviction de la présidence de l’APN. Le FLN deviendra, alors, à nouveau une arène où tous les coups seront permis. L’un d’eux l’atteindra et lui fera subir le même sort que son rival Saïd Bouhadja. Un inconnu au bataillon remplacera les deux hommes.
Mouad Bouchareb a hérité d’un cadre sans vie qu’il exhibera à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf pour l’accrocher au trône vacillant. Et, après s’être effondré, le FLN s’en est allé chercher un fossoyeur qu’il a trouvé en la personne de Mohamed Djemaï.
L’enterrement aura lieu au cimetière de l’histoire.
M. A.-A.
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