Réaction du politologue Naoufel Brahimi El-Mili sur son interview amputée
Par Naoufel Brahimi El-Mili – De temps à autre, je suis sollicité par la presse, essentiellement algérienne et française, pour donner un avis sur les sujets que je m’emploie à connaître. Aussi pour parler de mes ouvrages. A ce titre, j’ai accepté de répondre à des questions de deux journalistes du quotidien algérien Reporters, en relation avec mon dernier livre sur la chute de la maison Bouteflika. C’était avec un réel plaisir que, devant mon clavier, je réagis à leurs pertinentes interrogations. Le mail est envoyé à Alger le lendemain. Seulement, quinze jours plus tard, pour des raisons d’actualités, mon entretien est publié mais largement amputé. Interpellant, non ? Et ce, dès la première question où je dévoile la nature de la relation fusionnelle entre les deux Bouteflika. C’est curieux.
Bien sûr, je comprends que le quotidien refuse de publier une anecdote anodine sur Saïd à Paris où nous nous voyons alors étudiants. En deux ou trois années, j’ai vu le jeune de la fratrie Bouteflika acheter un seul livre intitulé Paris, pas cher. Aussi ai-je dû commenter son épaisseur intellectuelle acquise dans la ville des lumières. Pourtant, je me suis retenu de parler de la grande œuvre de Saïd Bouteflika et qui porte le titre de L’Algérie pas chère, diffusée en feuilleton durant vingt ans. Au total, ma réponse est plus courte que la question.
Ma deuxième réponse s’élève aussi contre la condamnation et l’emprisonnement iniques de personnalités algériennes de premier plan. Sans aucun ordre hiérarchisé, j’ai cité Louisa Hanoune, Ali Ghediri, Khaled Nezzar, le général-major Toufik. Ces noms ne figurent plus dans l’entretien. Sans doute aurais-je du mieux contextualiser mes propos pour qu’ils n’apparaissent pas comme un commentaire sur une décision de justice, fût-elle militaire. J’ai simplement refusé de croire que ces figures algériennes étaient au cœur d’un complot. Sans finesse excessive, j’ai dénoncé le mode de gouvernance de Bouteflika basé sur le régionalisme, j’ai même fait un peu subtile parallèle avec la purification ethnique. Là, je peux comprendre.
Seulement, mes capacités de compréhension s’arrêtent quand j’évoque que la pandémie de la Covid-19 explique peut-être l’absence de mon livre des rayons des librairies algériennes. Il en était autrement pour les deux autres. J’ai profité de la question pour m’interroger sur un article paru dans El-Watan, daté du 17 août dernier, qui fait un compte-rendu partiel de mon premier tome publié au début 2017. L’auteur de l’article fait parler deux ou trois paragraphes d’un ouvrage de plus de 400 pages pour couvrir un ancien Premier ministre d’un opprobre surréaliste et injustifié.
Loin de moi l’idée d’une quelconque censure, je ne m’ingère pas dans la ligne éditoriale d’un quotidien. Je pars du principe que répondre aux questions, s’appelle courtoisie. Publier les réponses aussi.
N. B.-E.-M.
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