Les Emirats déclarent : «Les Algériens sont une menace pour notre sécurité !»
Par Kamel M. – En voulant justifier les raisons qui l’ont poussé à interdire l’entrée au pays aux ressortissants de plusieurs pays arabes et musulmans, dont l’Algérie, le régime émirati dévoile son arrière-pensée. Selon l’agence britannique Reuters, «une source gouvernementale proche du dossier a affirmé que la décision de suspendre la délivrance de visas à ces treize pays a été prise pour des raisons de sécurité nationale». Et de tenter de calmer le jeu : «Néanmoins, cette mesure restera en vigueur pour une courte durée.»
Des sources proches du dossier ont évoqué la crise sanitaire comme étant derrière cette décision. Mais une telle hypothèse est à écarter de fait dans la mesure où l’épidémie du Covid-19 fait des ravages au Maroc et dans d’autres pays de la région alors qu’ils ne sont pas concernés par cette démarche à tout le moins étrange. Les motivations politiques semblent, dès lors, être la principale raison de cette interdiction dont le régime des Al-Nahyane assure qu’elle est momentanée.
Des observateurs ont, en effet, relevé que les pays concernés sont tous opposés à la normalisation avec l’entité sioniste et que tous les régimes monarchiques ont été épargnés par cette mesure ségrégationniste qui ne repose sur aucune justification d’un autre ordre que celui que les Al-Nahyane ne veulent pas admettre. Déjà chancelantes, les relations entre les pays membres de la moribonde Ligue arabe connaissent un tournant décisif. Le plan de reconfiguration du Moyen-Orient et du Maghreb est en marche et les Emirats arabes unis ont été substitués à l’Arabie Saoudite dans la stratégie de rapprochement avec Israël dans la perspective d’un conflit en vue avec l’Iran.
Si Riyad ne joue plus le rôle de locomotive dans la décision arabe, c’est en raison de la sensibilité de la situation. «Serviteurs» des deux Lieux saints de l’islam, les Al-Saoud ne peuvent pas conduire directement et ouvertement une normalisation avec l’Etat hébreu. Aussi la tâche a-t-elle été confiée aux voisins émiratis autrement plus disposés politiquement et moralement à pactiser avec l’ennemi historique, devenu un allié «sûr» et «solide» face aux mollahs.
Dans cette nouvelle carte géographique que Washington est en train de dessiner dans la région, l’Algérie fait partie des pays à soumettre vu son refus de se joindre à la cohorte d’Etats qui ont négocié leurs intérêts propres au détriment de la cause palestinienne. L’Algérie demeurant le seul pays à avoir échappé aux conséquences dévastatrices du «printemps arabe» dont l’ancien président américain Barack Obama vient de révéler que les Etats-Unis n’y sont pas tout à fait étrangers.
Quelle que soit la raison invoquée par le régime émirati, sa décision d’inclure l’Algérie parmi les pays dont les citoyens sont perçus comme une «menace» constitue un aveu clair de ce que les Emiratis pensent réellement de l’Algérie qui, pourtant, leur tend l’autre joue.
K. M.
Comment (41)