Macron lève l’interdiction d’accès aux archives pour «favoriser le respect de la vérité historique»
Par Houari A. – Le président français a décidé de faciliter l’accès aux archives de plus de cinquante ans, indique un communiqué de l’Elysée, rendu public ce mardi. «Le Président a entendu les demandes de la communauté universitaire pour que soit facilité l’accès aux archives classifiées de plus de cinquante ans», annonce la Présidence française, qui précise qu’«il revient à l’Etat d’articuler de manière équilibrée la liberté d’accès aux archives et la juste protection des intérêts supérieurs de la nation par le secret de la Défense nationale». Toutes les archives ne seront donc pas consultables.
Emmanuel Macron motive sa décision par la volonté de «favoriser le respect de la vérité historique» et d’accéder aux «demandes de la communauté universitaire». «Le chef de l’Etat a ainsi pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain [mercredi] aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale, selon le procédé dit de démarquage au carton jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse», fait savoir l’Elysée. «Cette décision, ajoute la Présidence de la République française, sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la Guerre d’Algérie».
«En complément de cette mesure pratique, le gouvernement a engagé, sur la demande du président de la République, un travail législatif d’ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal pour faciliter l’action des chercheurs. Il s’agit de renforcer la communicabilité des pièces, sans compromettre la sécurité et la défense nationales. L’objectif est que ce travail, entrepris par et avec les experts de tous les ministères concernés, aboutisse avant l’été 2021», souligne, enfin, le communiqué.
Pour rappel, Ali-Farid Belkadi a lancé un appel, dans une tribune parue dans Algeriepatriotique, «pour sauver de l’oubli les monuments et les documents qui sont encore, 59 ans après l’indépendance, aux mains de l’ancien colonisateur».
Selon l’anthropologue algérien, «le Muséum de Paris (MNHN), ce n’est pas seulement 24 crânes rapatriés en juillet dernier, à l’occasion de la fête de l’Indépendance. Des dizaines de têtes de résistants décapités durant l’époque coloniale se trouvent toujours au MNHN de Paris où ils sont considérés comme des objets appartenant au patrimoine français». «Un inventaire succinct des biens algériens détenus en France, indépendamment des crânes des résistants, qui appartient au domaine de l’anthropologie, s’élève à 431 dans la série Météorites», a-t-il signalé, en précisant qu’«outre les météorites, plusieurs milliers de documents – c’est ainsi que sont nommés ces larcins – appartenant à l’Algérie sont conservés» dans les musées français.
«L’Algérie, c’est 1 000 cavernes d’Ali Baba. Les Français sont venus pour tout prendre, tout enlever, depuis les terres confisquées aux paisibles paysans désarmés, jusqu’à l’honneur des familles. Au moment de quitter l’Algérie, des fanatiques pieds noirs ont même incendié des milliers de livres rares et des manuscrits d’une valeur inestimable appartenant à la bibliothèque de l’Université d’Alger», a-t-il encore fait remarquer.
La décision de Macron intervient quelques jours après avoir reconnu que l’avocat du FLN, Ali Boumendjel, a été torturé et assassiné par la France coloniale.
H. A.
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